Ce fut un quinquennat inédit, perturbé par le Covid, tout ayant été pensé en mode urgence à partir de mars 2020. Au cours de ces 500 derniers jours, il y eut un gouvernement de mission dans lequel, dès le début de la pandémie, tout le monde était un peu ministre de la Santé, Bercy, Grenelle et même Beauvau s'invitant dans le débat sanitaire. Et pendant ce temps, on assista à une drôle de législature, les deux assemblées paraissant moins compter que les experts du Conseil scientifique. Députés et sénateurs se sont vengés par la suite en convoquant à tour de bras décideurs, soignants et scientifiques, mais nos élus ruminent encore leur frustration d’avoir été en grande partie court-circuités. À la guerre comme à la guerre… Dès le début de la crise sanitaire, le Président avait donné le ton. Et les états d’urgence, plans blancs, mesures de protection, couvre-feux et confinements se sont succédé.
Il est, dans ces conditions, bien difficile de dresser le « bilan de santé » d’Emmanuel Macron. Avant de se livrer à cet exercice, il faut d’ailleurs savoir de quoi l’on parle au juste. S’attache-t-on à son action face au Covid ? Le résultat est contrasté. On n’a pas été bon sur les masques. On a souvent paru hésiter sur la doctrine, le fameux « tester, alerter, protéger » fonctionnant avec plus ou moins de succès dans l’Hexagone. Mais le « quoiqu’il en coûte » est devenu une référence, l’État providence n’ayant jamais aussi bien porté son nom qu’en France ces 24 derniers mois, au prix d'un déficit abyssal. Enfin, sur la couverture vaccinale, clairement, le volontarisme a payé.
Au-delà, soyons équitables, le macronisme sanitaire ne se réduit pas au Sars-CoV-2. Et si, sur la « révolution de la prévention » le président n’a qu’en partie tenue ses promesses, sur le 100 % santé, la couverture vaccinale des enfants ou le service sanitaire, la feuille de route a été respectée. La suppression du numerus clausus est aussi à mettre à l' actif du gouvernement, même si l’accouchement de la réforme des études de médecine a été douloureux. Enfin, la situation de l’accès aux soins dans les territoires, les tensions dans les hôpitaux et les Ehpad n’ont jamais paru aussi problématiques qu’en cette fin de quinquennat, mais peut-on vraiment imputer cette catastrophe au seul chef de l’État ? Créditons par ailleurs les deux locataires de l'avenue de Ségur d’un vrai dynamisme sur la réforme des modes d’exercice. Même s’il faut reconnaître que la crise les a bien aidés à mettre l'accélérateur sur la digitalisation des pratiques comme sur la coordination des soins. Impossible décidément de faire abstraction de la pandémie dans ce bilan. Le Covid, toujours lui, a aussi amené le pouvoir à s'intéresser un peu plus à la santé mentale des Français. Et la crise l'aura aussi amené à regarder de plus près les conditions de travail et de rémunération des soignants. La prise de conscience est salutaire. Mais le chantier ne fait, espérons-le, que commencer.
Exergue : La situation de l’accès aux soins n'a jamais paru aussi problématique qu’en cette fin de quinquennat, mais peut-on imputer cette catastrophe au chef de l’Etat ?
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