Deux ans tout juste après l’apparition du Sars-CoV-2, les signes encourageants constatés sonnent-ils pour de bon la fin de nos ennuis de santé ? Les experts et les décideurs se montrent confiants. « Nous sortons du stade de crise », a ainsi expliqué la semaine dernière au «Parisien» le président du Conseil scientifique qu’on a connu moins confiant par le passé. De son côté, Simon Cauchemez le modélisateur de l’Institut Pasteur a confié son « optimisme » au «Monde», alors que son équipe vient de sortir des projections plutôt rassurantes pour la suite. Tout cela autorise le ministre de la Santé à annoncer la fin du port du masque à la mi-mars, du moins si la dynamique baissière dans les contaminations et les hospitalisations devait se confirmer d’ici là. Olivier Véran envisageant aussi un allègement du passe vaccinal au même moment.
Cet alignement des planètes, pas si fréquent jusqu’alors (le politique étant parfois en décalage avec les experts), est évidemment de bon augure. Signe qu’au minimum le printemps 2022 devrait être moins pénible que les deux précédents. De là à en conclure que le Covid ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, il y a un pas qu’il ne faut sans doute pas franchir. En France, la prudence est encore de mise et tranche avec l'optimisme forcené d'un Boris Johnson outre-Manche. Ne serait-ce que du fait des niveaux encore très élevés dans l'Hexagone des contaminations et admissions en soins intensifs, qui dépassent encore largement ceux constatés lors des précédentes vagues. Et puis, on a tant de fois crié victoire depuis 2020, à la faveur de telle ou telle accalmie dans le ciel épidémique, qu’il faut par principe se méfier de nouvelles bourrasques. Pour le Pr Delfraissy, le plus probable est l’entrée dans une « phase endémique » avec des pics qui nécessiteront des mesures de distanciation. C’est aussi, semble-t-il, l’opinion d’un bon nombre de nos lecteurs interrogés sur notre site internet : moins d’un sur deux croit en une immunité collective dans un proche avenir…
Même si la survenue de variants peut encore compliquer la donne, on doit donc tabler sur une cohabitation avec un virus plus ou moins domestiqué. De ce compagnonnage forcé, le système de soins doit tirer dès à présent les conséquences. À commencer par le maintien d’un dispositif de veille renforcé autour de Santé publique France. C’est aussi l’adaptabilité des structures de santé qu’il va falloir travailler pour que l’urgence ne soit plus synonyme de risque vital pour la population et d'embolie pour les établissements. Cela passe notamment par l’augmentation du nombre de lits de réa promise par l’avenue de Ségur. Enfin, bien sûr, il convient de capitaliser sur les bonnes habitudes acquises en population générale en matière de prévention. Les masques, les gels, voire l’usage de systèmes de filtrage de l’air intérieur devront s’intégrer à la vie des Français à la moindre alerte. Clairement, le monde d'après ne ressemblera pas à celui d'avant.
Exergue : On doit donc tabler sur une cohabitation dans les mois qui viennent avec un virus plus ou moins domestiqué
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