Les acteurs du secteur de la dépendance peuvent se rassurer, 2020 sera bien l'année d'une grande loi sur le grand âge et l'autonomie.
C'est Édouard Philippe lui-même qui l'a promis. « Sur le sujet de la dépendance, nous maintenons l'ambition d'en faire l'un des grands acquis sociaux du quinquennat. Nous engagerons et nous poursuivrons les concertations avec l'ensemble des parties prenantes au deuxième trimestre pour déposer un projet de loi à l'été », a annoncé le premier ministre le 15 janvier. « Nous aurons cette année à prendre des décisions essentielles pour nos concitoyens en situation de handicap comme pour nos aînés en situation de dépendance », a également confirmé Emmanuel Macron lors de ses vœux aux Français.
L'exécutif a toutes les cartes en main pour accomplir – enfin – cette promesse du président de la République, faite il y a presque deux ans et initialement prévue pour l'automne 2019. Pas moins de trois rapports structurants sur le sujet ont été remis à Agnès Buzyn l'année dernière : celui de Dominique Libault en mars (175 propositions pour réformer la politique du grand âge) ; de Myriam El Khomri en octobre (les métiers du secteur) ; de la députée Audrey Dufeu-Schubert (LREM) en décembre (discrimination liée à l'âge).
Virage « domiciliaire » ambulatoire
Mais les arbitrages budgétaires ne sont pas encore faits. « On est quand même en recherche de quelques milliards », tempérait la semaine dernière Marie Fontanel, conseillère solidarités et santé au cabinet d'Emmanuel Macron, assurant par ailleurs que le sujet était bien « pris en main ».
Lors d'un échange à l'Assemblée nationale sur la situation dans les EHPAD, Agnès Buzyn s'est elle aussi bien gardée de trop en dire : « Je ne souhaite aller plus loin ni à propos de la somme allouée ni à propos des modalités de financement, car le projet n’est pas encore finalisé », a déclaré la ministre, ouvrant tout de même une (petite) porte à des tarifs d'EHPAD différenciés en fonction du revenu du résident.
Sur les métiers du grand âge, la ministre a promis d'agir selon trois grands axes : revalorisation, formation et maintien à domicile. « Il est certain que ces métiers nécessitent une revalorisation salariale », a ainsi répondu Agnès Buzyn interrogée sur la rémunération des agents hospitaliers, des aides-soignants et des infirmiers travaillant dans les EHPAD. Côté recrutement, l'hématologue a confirmé vouloir se « rapprocher de la cible » d'« une hausse de 25 % du taux d’encadrement à l’horizon 2024 » par rapport à 2015, reprenant à son compte une proposition du rapport Libault – qui chiffrait les besoins à 80 000 postes supplémentaires et une dépense supplémentaire de 1,2 milliard d’euros. Pour l'heure, 7 000 postes de soignants supplémentaires ont été financés dans les EHPAD depuis 2017, a précisé Agnès Buzyn.
La ministre veut également « renforcer le contenu de ces métiers et permettre plus de passerelles ». Des travaux sur la formation d'aide-soignante sont en cours et « devraient aboutir au premier trimestre 2020 ». Par ailleurs, Agnès Buzyn lancera « dans les prochaines semaines » avec la ministre du Travail une concertation sur les métiers du grand âge. Enfin, la locataire de Ségur dit vouloir engager un « virage domiciliaire ambulatoire » avec la mise en place d'un budget « à long terme » dédié. En attendant, une prime de 100 euros net par mois a été débloquée dans le plan hôpital pour toutes les aides-soignantes spécialisées en gériatrie, a-t-elle rappelé.
S'il faut encore s'armer d'un peu de patience pour connaître le contenu du projet de loi, la ministre assure travailler « ardemment ». En parallèle et, peut-être, histoire de contenter les plus impatients, elle a lancé jeudi 16 janvier avec le ministre de la Ville Julien Denormandie la stratégie « Vieillir en bonne santé 2020-2022 », qui doit « créer les conditions de la réussite de la future loi » en mettant l'accent sur la prévention.
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