On savait les médecins majoritairement hostiles au projet de loi de santé de Marisol Touraine. Mais selon une étude* réalisée en ligne entre le 15 et le 22 avril par le réseau social de médecins Esanum, 86 % des médecins installés ou remplaçants pourraient être amenés à envisager un « changement radical dans leur exercice » précisément à cause de l’entrée en vigueur de cette loi de santé.
Même s’il ne s’agit que de déclarations très hypothétiques, et d’un ressenti exprimé après le vote de la loi par les députés, le résultat est impressionnant, sans doute révélateur du malaise actuel. Un gros tiers des praticiens installés (et 26 % des remplaçants) citent le déconventionnement (parmi plusieurs options).
L’expatriation et la reconversion pourraient être envisagés par 24 % et 17 % des installés. Chez les remplaçants, c’est la non-installation (29 %) et la reconversion (29 %) qui arrivent ex æquo après le déconventionnement.
Une remise en cause des idéaux
Pour Esanum, cette expression montre que « le projet de loi remet en cause non seulement un système, mais aussi des idéaux auxquels les médecins sont attachés », d’autant que les répondants déclarent majoritairement avoir une bonne (ou assez bonne) connaissance du texte.
Sans surprise, le tiers payant cristallise les craintes. À la question « quelle mesure craignez-vous le plus ? », 40 % des participants ont cité le tiers payant, et 38 % la loi « dans sa totalité ».
À noter qu’une partie des sondés prend ses distances avec les stratégies syndicales : 40 % reprochent ainsi aux syndicats d’avoir « décrédibilisé la profession » en réclamant (pour certains) une augmentation de deux euros du prix de la consultation dans le cadre de cette mobilisation et 29 % regrettent une trop grande concentration des revendications sur le tiers payant. Enfin, 9 % reprochent aux syndicats de s’être concentrés sur les seules doléances des médecins « sans expliquer ce que la loi changerait pour les patients ».
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