Parmi les rapports parus sur la question, ceux de l’Académie de médecine et de la Cour des comptes méritent une certaine attention. L'un et l'autre isolent en effet la dimension médicale d’un sujet dont les aspects sociétaux ont tendance à prendre le dessus.
C’est ainsi que les sages de la rue Bonaparte recommandent avant tout de miser sur la réduction des risques, énumérant les actions possibles : « prévention de la perte de l’autonomie dès la mi-vie, évaluation gérontologique à la retraite, visite systématique et régulière du lieu de vie permettant l’aménagement du domicile de tous les aînés… »
Face à la diversité des situations médicales à prendre en charge, ils recommandent par ailleurs d’adapter les types de réponses apportées, et appellent donc à « maintenir la diversité des structures d’accueil ». Ils souhaitent également, face à l’augmentation du nombre de patients polypathologiques, renforcer le rôle du médecin coordinateur, mais aussi d’établir « des liens solides et opérationnels » avec les hôpitaux de recours et « doter l’ensemble des Ehpads d’Unités de vie protégées (UVP) et de Pôles d’activités et de soins adaptés (Pasa) ».
Enfin, l’éthique médicale doit selon eux faire l’objet d’une attention toute particulière, avec notamment « l’application cohérente et homogène des consignes de soins anticipées », ainsi que la création d’un « espace de questionnement éthique » au sein de chaque établissement.
De son côté, la Cour des comptes suggère des pistes qui ébauchent un nouveau modèle d'Ehpad. Son rapport appelle tout d'abord à « fusionner » les sections soins et dépendance (actuellement payées par l'assurance-maladie et le département) sous l’égide des ARS, « afin de simplifier la tarification et de réduire les disparités départementales ». Surtout, les magistrats estiment que, malgré des efforts sur les dernières années, la prise en charge médicale des résidents reste « insuffisante » avec des manques de personnels qualifiés. Entre 2011 et 2015, le taux d’encadrement est passé de 59 à 63 ETP pour 100 résidents. Mais les établissements se heurtent toujours à des problèmes de recrutement, souligne la Cour, qui note un fort recours aux contractuels ou aux faisant fonction d'aide-soignant. Ces sous-effectifs, couplés à un accroissement du niveau de dépendance des résidents, rendent les conditions d’exercice « difficiles ». Avec un absentéisme fréquent.
La fonction médicale est également en difficulté, comme l'illustre le manque de médecins coordonnateurs. Selon l’Anap, au 31 décembre 2019, au moins 20 % des établissements n’en avaient pas. Un tiers a connu récemment une vacance dans cette fonction. Parallèlement, les consultations de généralistes dans les Ehpad sont en baisse. Cela risque de s'aggraver, prévient la Cour.
Outre la formation et la qualification de nouveaux médecins en expertise gériatrique, la Cour appelle donc à renforcer la fonction de médecin coordonnateur. Ses experts préconisent de plus la définition d’un ratio minimal de référence pour le temps de médecin prescripteur en Ehpad. Une bonne insertion territoriale au sein de filières gériatriques ou au sein des GHT est également une piste d'amélioration. Enfin, les contrôles opérés dans les Ehpad par les ARS et les départements doivent être renforcés.
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