Expérimenté en 2014 dans neuf territoires, puis élargi à dix-huit autres fin 2018, le « parcours de santé des aînés » – PAERPA, personnes âgées en risque de perte d’autonomie – affiche toujours des résultats décevants et ne parvient pas à convaincre.
C'est ce que révèle le bilan complet de l'IRDES qui a analysé plusieurs critères (nombre de journées d’hospitalisation, taux de réhospitalisation à 30 jours, hospitalisations non programmées ou potentiellement évitables, passages aux urgences non suivis d’hospitalisation, polymédication et prescriptions inappropriées).
Selon cette étude, l'impact de ce programme est d'abord « modeste » (mais réel) sur les indicateurs concernant la consommation de médicaments. La baisse enregistrée est de 1,9 % pour la polymédication et de 2,3 % pour les prescriptions inappropriées dans les territoires expérimentateurs de PAERPA par rapport aux témoins. Les passages aux urgences ont également diminué de 4,3 %. Timides, ces résultats restent aussi concentrés dans certaines régions : Aquitaine, Nord-Pas-de-Calais et Centre pour la iatrogénie, Lorraine pour les passages aux urgences non suivis d'hospitalisation.
En revanche, les auteurs n'ont identifié aucun « impact significatif » sur les hospitalisations (que ce soit la durée cumulée de séjours, les réhospitalisations à 30 jours, les hospitalisations non programmées ou évitables).
Freins
Pour expliquer ces résultats très mitigés, l’IRDES invoque la « faible mobilisation » des professionnels de santé autour de ce programme. Le rapport pointe les ressources humaines « disparates » au niveau des coordinations territoriales d’appui (CTA, guichet d'orientation unique vers les acteurs sanitaires) et leur faible niveau d’activité. « Le repérage de la fragilité, la formation pluriprofessionnelle ou la mise en place d’équipe mobile gériatrique extrahospitalière » se sont « très peu développées », constate l'IRDES.
De façon plus surprenante, l’existence d’autres dispositifs de coordination parfois en concurrence (MAIA) ou des situations politiques locales défavorables peuvent expliquer ce faible engouement pour le parcours des aînés. Dans certains territoires, les auteurs évoquent des « conflits » dans la gouvernance locale entre l’ARS et le département ou des difficultés dans le partenariat avec les URPS.
Le manque d'impact de l'expérimentation PAERPA sur les indicateurs hospitaliers, notamment les réadmissions et les hospitalisations évitables, interroge sur les limites des outils utilisés. « Il se peut que des dispositifs clés tels que le plan personnalisé de santé (PPS) ou la coordination territoriale d'appui (CTA) n'aillent pas assez loin pour intégrer et coordonner les soins entre la ville, l'hôpital et les services médico-sociaux et sociaux, ainsi que pour changer les pratiques de coopération entre les différents professionnels de soins », tance le rapport. En revanche, il est acquis que les PPS ont permis d'« enclencher » une prise en charge médico-sociale au domicile des personnes âgées les plus fragiles (avec une hausse des dépenses de soins infirmiers et une baisse des dépenses de médecine générale et de pharmacie).
Long terme
Les auteurs soulignent au demeurant que « les changements organisationnels et culturels prennent du temps, les collaborations entre les professionnels de santé se construisent sur le long terme et leur stabilisation requiert un travail en soi ». Et l'IRDES fait valoir que les protocoles de collaboration locaux, « à partir d'une vision médicale commune », semblent « mieux réussir que les modèles imposés verticalement ».
Interrogée en juillet 2017 par les députés de la commission des affaires sociales, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, avait déjà affiché ses doutes quant à l'efficacité du programme PAERPA. « Je ne pense pas qu’il ait atteint ses cibles. Faut-il le déployer en l’état, le simplifier, ou le rendre plus agile ? C’est cette question que nous devons nous poser de façon à ce que des acteurs différents puissent y participer afin de mieux accompagner nos personnes âgées. ». Une réforme que pourrait corriger Olivier Véran dans le cadre de la loi Grand âge et autonomie en 2021.
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