Des critères pour attribuer la qualité d’auteur. Décrits en 1988, ils ont été adoptés par les revues scientifiques et universités. Et des chefs de service savent respecter et faire respecter ces règles. La bonne pratique est de décider quels seront les auteurs et leur ordre avant la rédaction d’un manuscrit, ou mieux au début d’une recherche. La qualité d’auteur résulte d’une participation à la recherche, à la rédaction du manuscrit et tout auteur doit cautionner le contenu du manuscrit.
Pourtant, les conflits d’auteurs sont la première cause de dysfonctionnement des équipes de recherche, dans la plupart des pays et des disciplines. Et ils durent longtemps. Difficile cependant d'en évaluer la fréquence. Ce sujet de discussion entre collègues est évité, et les recherches difficiles dans ce domaine. Un auteur m’a interpellé pour me dire que ce sujet était rarement discuté dans son hôpital, pour éviter des réactions de type « bombe atomique »… Il ne m’a pas détaillé ce qu’il entendait par cette expression.
Combien de fantômes ?
Je me souviens de cette jeune marocaine me décrivant son travail de thèse de médecine faite en France. L’originalité de son travail méritait une publication. Elle me dit avoir poursuivi sa carrière hors du CHU où elle avait fait sa thèse… En 10 minutes, grâce aux moteurs de recherche, je lui ai montré l’article publié sans son nom. J’ai observé le malaise.
Je me souviens aussi de cette chercheuse reconnue qui, en rentrant d’un congé de maternité, lit son article dans une revue médicale très prestigieuse. Son nom avait été remplacé par celui du directeur du département. Alors qu'elle lui demandant pourquoi, le directeur a une réponse merveilleuse : « Les épreuves sont arrivées pendant ton congé, et ne voulant pas te déranger, j’ai tout signé à ta place »…. Étant la seule femme d’une équipe de 10 chercheurs, elle n’a rien fait.
Et je me souviens de cas où des jeunes chercheurs, des femmes, des minorités, voire des chercheurs reconnus ont été exclus de la liste des auteurs d’un manuscrit auquel ils avaient contribué. Ces auteurs sont qualifiés de « fantômes » car ils n’apparaissent pas sur les articles. De même, les rédacteurs professionnels sont aussi qualifiés de fantômes quand ils laissent des leaders d’opinion signer ces articles à leur place.
Combien de « cadeaux » ?
Les auteurs « cadeaux », appelés aussi de courtoisie, honoraires, voire invités, ont été beaucoup plus étudiés. Environ 30 à 50 % des articles auraient des auteurs « cadeaux ». Je me souviens de collègues ayant découvert qu’ils étaient auteurs d’un article après la publication de celui-ci. Ces renvois d’ascenseurs existent entre collègues. La plupart des chercheurs vous diront que ces cartels d’auteurs n’existent pas. Des noms de chercheurs connus sont ajoutés, à leur insu, pour faciliter l’acceptation d’un manuscrit. Des noms sont inventés par des loups solitaires qui pensent que signer seul sera mal considéré. Il existe même des morts qui signent des articles.
Des pratiques d’auteurs intègres !
Il faudrait changer les systèmes d’évaluation de la recherche qui poussent aux pratiques de « Publish or Perish ». Ces pratiques déviantes sont le fait de chercheurs honnêtes auxquels le système demande de beaucoup publier dans des revues prestigieuses. Les revues scientifiques qui incitent à des pratiques vertueuses n’ont aucun moyen de contrôle. Lors de la soumission d’un article, tous les auteurs signent pour attester de leur qualité d’auteur. Les rédacteurs en chef savent que les auteurs mentent.
En réalité, tant qu’il existera des chercheurs aux mains sales imposant leur nom sur tout article de leur équipe, il sera difficile de montrer la bonne pratique aux jeunes chercheurs. La course à la publication est étonnante : des stars se vantent d’avoir plus de 500 ou 1 000 articles listés sur leur curriculum vitae, en ajoutant le nombre de citations de leurs articles (des cartels de citation existent). En 20 ans de recherche, signer 1 000 articles signifie un article par semaine sans prendre de vacances ! Ce n’est pas sérieux. Les Universités sont conscientes des problèmes. Elles devraient agir, mais tiennent compte de relations complexes entre pairs.
En sciences humaines et sociales, les articles ont deux voire trois auteurs. Dans des domaines de la physique, les auteurs sont listés par ordre alphabétique… Imaginez cela en médecine.
Exergue : Les conflits d’auteurs sont la première cause de dysfonctionnement des équipes de recherche
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