L’ÉLECTION du Dr Patrick Bouet à la tête du conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) est une première à plus d’un titre. Le Dr Bouet est généraliste (secteur II), du jamais vu à la tête de l’institution garante de la déontologie. Et il a 57 ans, la moyenne d’âge des praticiens en exercice. Enfin, il exerce à Villemomble, en Seine-Saint-Denis, département déshérité. « Ca nous change d’un radiologue de Neuilly », ironise le Dr Claude Leicher, président de MG France, en allusion au président précédent, le Dr Michel Legmann.
Méthodique.
Enfin, par opposition à son prédécesseur, proche de Nicolas Sarkozy, Patrick Bouet est réputé « plutôt à gauche », même s’il refuse d’être catalogué. « Je suis un ordinal », martèle-t-il.
Cette élection ne doit pourtant rien au hasard. Patrick Bouet est élu au national depuis 2003, et il connaît mieux que personne les rouages de l’institution. Depuis 2007, il était en charge des liens avec les conseils départementaux et régionaux. À ce poste clé, il a tissé des relations précieuses. « Il était en campagne depuis plus d’un an, méthodiquement », confie un ordinal.
S’il est trop tôt pour parler de programme, Patrick Bouet a livré au « Quotidien » quelques pistes. Souhaitant une « régénération de l’institution », le nouveau président place son mandat sous le signe de « la proximité, la sécurité des soins et des patients, et la compétence des professionnels ». Le nouvel élu insiste : « Nous jouerons pleinement notre rôle, et nous le revendiquerons avec assurance ». Un message à ceux qui voudraient que l’Ordre s’exprime surtout le moins souvent possible.
Patrick Bouet devra redorer le blason ordinal, marqué par quelques initiatives fâcheuses de son prédécesseur sur le secteur II ou la liberté d’installation. Sous la pression, l’ex-patron de l’Ordre national avait fait marche arrière, achevant de donner l’image d’une institution un peu déboussolée.
Les jeunes bienveillants.
L’arrivée du Dr Bouet à la tête de l’Ordre a été bien accueillie dans la profession. « Les généralistes sont très honorés de cette élection, c’est un virage significatif et positif », salue le Dr Leicher pour MG France. « J’en entends du bien, assure de son côté le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. J’espère qu’il défendra les libéraux sur la question des dépassements d’honoraires. Je ne fais aucun reproche à Michel Legmann, mais il n’a pas su empêcher la Sécu de prendre la main en matière de sanctions ».
Du côté des jeunes, on joue l’ouverture. Emmanuel Loeb, président de l’Intersyndicat national des internes (ISNI) souligne que les omnipraticiens « représentent 50 % de la profession. Il est normal qu’il y ait enfin une alternance ». L’ISNI entend travailler avec la nouvelle équipe ordinale à travers la commission « Jeunes médecins ».
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