Plus question désormais « d'emmerder » les non-vaccinés ? En déplacement mi-avril dans le Nord, Emmanuel Macron avait déjà tenté d'éteindre la polémique qu'il avait, un peu maladroitement, allumée en janvier. Interpellé à Denain par une aide-soignante visiblement réfractaire à la vaccination, le président avait joué l'apaisement : « C'était une expression, entre guillemets, "affectueuse". Je n'ai jamais dit que vous étiez des sous-citoyens… » Il est allé alors encore plus loin la semaine dernière dans la désescalade. Interrogé par un habitant des Hautes-Pyrénées sur le sort de soignants mis au ban de leur corporation, il s’est dit prêt à lever les suspensions prises il y a huit mois à l’encontre des récalcitrants à la vaccination anti Covid. Propos de campagne ? Sans doute un peu : ses concurrents, à droite comme à gauche, faisant depuis un an leur miel de la contestation des antivax, il n’était pas inutile pour le chef de l'Etat de manifester à son tour un minimum d'empathie à l’égard de ces derniers, surtout s'ils portent stéthoscopes et blouses blanches.
Pour l’heure, il est évidemment trop tôt pour que le président joigne le geste à la parole. Même si la tendance est à la décrue, il convient de rester prudent avant de réintégrer concrètement dans leurs fonctions des personnels non vaccinées, au risque de susciter l’incompréhension de l’immense majorité des confrères qui ont joué le jeu, et peut-être de fragiliser davantage les lieux de soins. Les hôpitaux n'ont pas besoin de ça. La France convalescente non plus. Et d'ailleurs, il est bon de garder à l'esprit que le virus circule encore beaucoup (trop) dans le monde. Ce n'est pas parce que les médias l'évoquent moins que l'on peut parler au passé de la pandémie.
Mais la mansuétude du chef de l’État doit surtout s’analyser comme un clin d’œil en direction des acteurs de santé. Et pour cause. Plus que jamais, les pouvoirs publics ont besoin d'eux. À cause de la pénurie, d'abord : à l’heure où la résolution de l’équation des déserts médicaux est en passe de devenir le problème sanitaire numéro un, l’opinion ne comprendrait pas qu’on puisse se passer plus longtemps des services de plusieurs milliers de professionnels du secteur, fussent-ils très minoritaires. Et pour tirer les leçons de la crise, ensuite, le président réélu doit pouvoir s'appuyer sur les médecins — tous les médecins — afin de mener à bien la concertation à grande échelle qu’il a promis de lancer avant l’été. Après la bataille contre le Covid, c’est à une « paix des braves » qu’il semble donc convier les soignants avec cette « convention des parties prenantes ». Voudrait-il convertir la frange la plus rétive du corps médical aux réformes du moment qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Pari gagnant ? Réponse dans les semaines qui nous séparent des législatives.
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