Le comité d'experts indépendants (SAGE) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est prononcé en faveur de l'introduction du vaccin conjugué Vi-TT, commercialisé en Inde, par BioMed sous le nom de Peda-typh, chez les enfants de 6 mois et plus. Contrairement aux autres vaccins commercialisés contre la bactérie Salmonella typhi, le vaccin conjugué peut être administré aux enfants de moins de 5 ans. Des résultats publiés dans « The Lancet », le mois dernier, ont d'ailleurs montré une division par deux du risque de fièvre typhoïde chez les volontaires vaccinés.
« Il n'y a pas beaucoup d'études menées avec ce vaccin, mais elles sont suffisamment solides pour nous inciter à recommander son utilisation dans les régions de fortes endémies », comme l'Afrique sub-saharienne, ou la côte Ouest de l'Amérique du Sud, précise le Dr Joachim Hombach, secrétaire exécutif du SAGE.
Pour les experts rassemblés par l'OMS, le vaccin conjugué présente 2 avantages majeurs : celui de pouvoir être recommandé aux enfants avant leur première année de scolarisation, et celui de pouvoir être utilisé en cas d'épidémie. Le Vi-TT suscite en effet une immunogénicité suffisamment rapidement pour avoir un effet sur une épidémie en cours. Le SAGE préconise aussi de procéder à des vaccinations de rattrapage pour les enfants de 15 ans et plus non vaccinés.
La vaccination marque le pas
Cette recommandation a été émise à l’issue de la dernière réunion du SAGE qui s'est tenue entre les 17 et 19 octobre et dont les délibérations ont été présentées à la presse ce mardi 24 octobre. Les experts du SAGE en ont profité pour faire part de leurs craintes concernant le Programme élargi de vaccination de l'OMS qui semble marquer le pas.
« Certains pays comme le Nigeria ou la Guinée équatoriale ne parviennent toujours pas à dépasser le seuil de 50 % de couverture vaccinale, explique le Dr Thomas Cherian, coordinateur du programme. Mais ce qui est encore plus préoccupant, c'est que des conflits et des troubles récents ont réduit la couverture vaccinale de pays qui avait auparavant fait de grands progrès. C'est notamment le cas de l'Ukraine dont la couverture vaccinale est désormais inférieure à 50 %. » Plus globalement, le SAGE alerte sur la situation vaccinale des nombreuses populations déplacées dans le monde, suite à une catastrophe naturelle ou un conflit.
Lèpre, tuberculose et pneumonie
Le SAGE a par ailleurs pris en compte des dernières données cliniques prouvant une efficacité protectrice du vaccin BCG vis-à-vis du Mycobacterium tuberculosis et du Mycobacterium leprae. Ils estiment désormais que la vaccination BCG doit intervenir, si possible, dans les 24 premières heures de vie des bébés nés dans les pays à forte incidence de tuberculose et de Lèpre.
Appelés à se prononcer sur les intérêts respectifs du schéma vaccinal en 2 plus un booster et du schéma vaccinal en 3 doses de vaccins conjugués contre le pneumocoque, les experts ont conclu à un statu quo. « Les deux schémas peuvent être utilisés indifféremment », affirme le Dr Alejandro Cravioto, chairman du SAGE. Les experts préconisent de commencer la vaccination dès l'âge de 6 semaines avec des intervalles compris entre 4 et 6 semaines entre chaque dose, et un délai de 9 à 18 mois entre la 2e dose et l'administration du booster dans le cas du schéma 2p+1.
Concernant les progrès du programme d'éradication de la poliomyélite, le SAGE constate que seulement 6 nouveaux cas ont été enregistrés au cours des 6 derniers mois (3 en Afghanistan et 3 au Pakistan) contre 13 au cours de la même période l'année dernière.
Plus de détails sur les recommandations du SAGE sont disponibles à cette adresse.
Dérives sectaires : une hausse préoccupante dans le secteur de la santé
Protection de l’enfance : Catherine Vautrin affiche ses ambitions pour une « nouvelle impulsion »
Dr Joëlle Belaïsch-Allart : « S’il faut respecter le non-désir d’enfant, le renoncement à la parentalité doit interpeller »
Visite médicale d’aptitude à la conduite : le permis à vie de nouveau sur la sellette