LA GUERRE HOSPITALIÈRE aurait-elle été déclarée entre les villes d’Argentan, sous-préfecture de l’Orne, 17 000 habitants, et de l’Aigle, chef lieu de canton situé à une cinquantaine de km, 9 000 habitants ? « L’hôpital de l’Aigle attaqué », titre en manchette « le Réveil normand ». « Qui veut la peau de l’hôpital ? », demande l’hebdomadaire local basé dans le chef-lieu de canton du pays d’Ouche, désignant tout net le coupable : « l’établissement d’Argentan, qui fait sa pub sur notre territoire ». C’est la distribution dans les boites à lettre aiglonnes du livret d’accueil du CH d’Argentan qui faut crier à la « provocation pure et simple » le maire et président du conseil de surveillance de l’hôpital de l’Aigle, Thierry Pinot. « À l’heure où nos organismes de tutelle nous demandent la plus grande vigilance en matière de gestion, proteste l’élu, on assiste ici à une débauche de moyens publiciataires pour séduire les patients du pays d’Ouche. »
Imprimé en quadrichromie, abondamment illustré de photos et de dessins, le livret de la discorde détaille toutes les démarches administratives liées aux hospitalisations et aux consultations, passant en revue les différents services proposés aux patients. Le directeur, Michel Renault, met en avant le dynamisme de son établissement, qui a triplé en dix ans le nombre des consultations et des admissions (90 000 consultations par an et 15 000 hospitalisations). Un bâtiment flambant neuf abrite les urgences et la gérontologie, la maternité devant être reconstruite en 2012. Pour le directeur d’Argentan, agrandir son CH et moderniser ses locaux implique des investissements élevés qui nécessitent d’accroître le volume des activités. « J’ai besoin d’aller chercher des parts de marché, argumente-t-il dans les colonnes du « Réveil ». J’ai constaté qu’il y avait un important taux de fuite des habitants du pays de l’Aigle vers les hôpitaux de Lisieux et de Caen, notamment. Mon objectif n’est donc pas de faire concurrence à l’Aigle, mais de séduire ces habitants pour qu’ils viennent chez nous plutôt que dans d’autres départements. »
« Tout cela peut sembler complètement déloyal », commente le président de la Communauté de communes du pays de l’Aigle, Jean Sellier. Plutôt que de s’en prendre au directeur d’Argentan, il dénonce « la loi Bachelot qui demande aux établissements hospitaliers d’équilibrer leurs comptes, sans leur laisser 36 façons d’y parvenir. Argentan utilise les méthodes du privé et s’appuie sur le marketing pour prospecter ses patients. Plutôt que de jeter la pierre à Michel Renault, il faut s’interroger sur la dérive purement comptable de notre système de santé, qui s’effectue aux dépends d’un vrai service public accessible à tous, sur tout le territoire. »
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