Si plusieurs équipes défendent l'hydroxychloroquine dans le traitement curatif de l'infection Covid-19 au stade de l'orage cytokinique, comme récemment le Dr Claude Escarguel, microbiologiste, dans une tribune publiée sur « Le Quotidien », deux études observationnelles new-yorkaises montrent que ce médicament, utilisé ou non avec l'azithromycine, n'est pas associé à un moindre risque de mortalité chez des patients hospitalisés.
« Bien que les essais cliniques randomisés en double aveugle soient le design d'étude optimal, étant donné l'urgence de répondre à la pandémie de Covid-19 à New York, une étude observationnelle a été mise en œuvre pour évaluer les résultats cliniques et les effets indésirables associés à l'hydroxychloroquine et à l'azithromycine pour le Covid-19 », indiquent les auteurs d'une étude parue dans le « JAMA ».
Dans cette étude de cohorte rétrospective, 1 438 patients hospitalisés pendant au moins 24 heures pour une infection Covid-19 dans 25 hôpitaux de la région métropolitaine de New York ont été inclus entre le 15 et le 28 mars et suivis jusqu'au 24 avril. Parmi eux, 51,1 % ont reçu l'association hydroxychloroquine et azithromycine, 18,8 % l'hydroxychloroquine seule, 14,7 % l'azithromycine seule, et 15,4 % n'ont reçu aucun de ces médicaments.
Pas de différence à l'ECG
Les patients qui recevaient de l'hydroxychloroquine, de l'azithromycine ou les deux étaient plus susceptibles d'être diabétiques, de présenter une fréquence respiratoire supérieure à 22 cycles par minute, une imagerie thoracique anormale, une saturation en O2 inférieure à 90 % et un dosage d'aspartate aminotransférase (ASAT) supérieure à 40 U/L.
Dans l'analyse principale, après ajustement tenant compte de la démographie, de l'hôpital, des conditions préexistantes et de la gravité de la maladie, les traitements par hydroxychloroquine, azithromycine ou les deux n'étaient pas associés à une réduction significative de la mortalité hospitalière (HR ajustés respectifs de 1,08 ; 0,56 et 1,35) par rapport à l'absence de traitement.
En revanche, les patients recevant l'association hydroxychloroquine et azithromycine étaient associés à un risque significativement plus élevé de faire un arrêt cardiaque comparé à ceux ne recevant pas ces traitements (OR ajusté de 2,13). Pour l'hydroxychychloroquine seule et l'azithromycine seule, la différence n'était pas significative. Aucune différence n'a été constatée entre les groupes concernant les anomalies à l'électrocardiogramme (arythmie ou allongement de l'intervalle QT).
Des patients plus graves sous hydroxychloroquine
Une autre étude observationnelle, focalisée sur l'hydroxychloroquine dans un grand centre médical à New York et publiée dans le « New England Journal of Medecine », va également dans ce sens.
Au total, 1 376 patients hospitalisés pour Covid-19 ont été inclus entre le 7 mars et le 8 avril et suivis jusqu'au 25 avril (suivi médian de 22,5 jours). Parmi eux, 58,9 % ont reçu de l'hydroxychloroquine. À noter que les patients traités par hydroxychloroquine étaient plus sévèrement malades au départ que ceux n'en ayant pas reçu.
Le critère d'évaluation principal était un critère composite associant l'intubation ou le décès. Sur l'ensemble des patients, 180 patients ont été intubés (dont 66 sont décédés) et 166 sont décédés sans intubation.
L'analyse principale n'a pas montré d'association significative entre le recours à l'hydroxychloroquine et l'intubation ou le décès (HR de 1,04). « L'administration d'hydroxychloroquine n'était associée ni à un risque considérablement réduit ni accru d'intubation ou de décès », résument les auteurs. Ces derniers n'ont pas non plus rapporté d'association significative entre le traitement par l'azithromycine et le critère composite (HR de 1,03).
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