La cardiologie moderne n’est plus seulement une spécialité clinique, c’est une spécialité extraordinairement technique. Que de chemin parcouru depuis l’Antiquité : pour Platon, le cœur est avant tout le siège de l’intelligence des sentiments et des passions, ses battements se modifient sous l’effet des émotions. Quatre siècles plus tard, Galien localise la force vitale dans le cœur et l’âme dans le cerveau. C’est la découverte fondamentale de la circulation sanguine par William Harvey, en 1628, qui va ébranler le dogme des théories de Galien et faire sortir la cardiologie des ténèbres de l’Antiquité. Depuis, au fil des siècles, la cardiologie est devenue une des disciplines les plus riches en termes d’innovation et de Recherche, une discipline de plus en plus rigoureuse, avec des spécialités de plus en plus nombreuses. Ces dernières années sont encore les témoins d’évolutions notables grâce à une recherche fondamentale, de transfert et clinique performante permettant d’adapter de mieux en mieux les stratégies de prise en charge d’aujourd’hui et de demain.
Demain, des indicateurs au premier rang desquels la rénine, sont en évaluation afin de rationaliser le choix des traitements de l’HTA résistante.
Dr Sylvie Le Gac
(1) N Engl J Med 2014 ; 371 : 993-1004.
(2) N Engl J Med 30 août 2014. Publication en ligne.
Les ARNI dans l’insuffisance cardiaque
L’étude PARADIGM-HF (1, 2) a évalué une nouvelle classe thérapeutique : les ARNI (association d’un inhibiteur des récepteurs à l’angiotensine-aldostérone à la néprilysine, enzyme de clivage des peptides natriurétiques) dans la prise en charge des patients atteints d’une insuffisance cardiaque systolique à fraction d’éjection altérée (FeVG < 35 %, classe NYHA II-III). Les bénéfices en termes de morbi-mortalité du 1er représentant de cette classe – le LCZ696 – ont fait le buzz.L’HTA résistante… de mieux en mieux maîtrisée
L’étude PATHWAY-2 a montré la supériorité de la spironolactone sur les autres diurétiques, dans le traitement de l’hypertension artérielle (HTA) résistante à la trithérapie conventionnelle (association d’un IEC/ARA II, d’un inhibiteur calcique et d’un diurétique thiazidique). La spironolactone a permis de contrôler l’HTA dans près de 60 % des cas contre un peu plus de 40 % pour les autres produits actifs.Demain, des indicateurs au premier rang desquels la rénine, sont en évaluation afin de rationaliser le choix des traitements de l’HTA résistante.
Un algorithme d’exclusion de l’IDM
Deux études présentées au congrès de l’European Society of Cardiology (ESC) témoignent de l’intérêt d’un nouvel algorithme avec mesure de la troponine I hypersensible à l’admission et à la première heure, chez les patients suspects d’infarctus du myocarde (IDM). Les auteurs ont démontré que la valeur seuil idéale de troponine I (Tn I) hypersensible pour exclure tout IDM était de 6 ng/L. Ils ont testé un algorithme d’exclusion de l’IDM fondé sur une concentration de Tn I hypersensible < 6 ng/L à l’admission et à 1 heure. La valeur prédictive négative (VPN) est de 99,7 %. Cet algorithme figurant dans les recommandations de l’ESC permettrait l’orientation de 50 à 70 % des patients.Des stents résorbables
Les avancées technologiques dans l’angioplastie coronaire mettent aujourd’hui à disposition des stents complètement résorbables dans l’optique de restaurer à long terme une paroi artérielle sans déchet métallique. La valeur ajoutée par rapport aux endoprothèses actives classiques reste encore à démontrer.Prolapsus valvulaire mitral et gènes de susceptibilité
Des chercheurs français en collaboration avec des équipes américaines ont réalisé des avancées considérables dans la compréhension des mécanismes moléculaires du prolapsus valvulaire mitral. Ils ont identifié pour la première fois plusieurs gènes de susceptibilité. Ces avancées ouvrent des perspectives d’outils thérapeutiques.Thérapie cellulaire post-IDM
La cardiologie est un domaine pionnier en thérapie cellulaire. En injectant différents types de cellules après un infarctus du myocarde, des chercheurs tentent de régénérer les zones lésées du muscle cardiaque et, ainsi, d’améliorer sa fonction. Cette voie fait l’objet de nombreux travaux. L’équipe Inserm dirigée par Philippe Menasché (Paris) a réalisé la première implantation de cellules cardiaques dérivées de cellules souches embryonnaires humaines.Télésurveillance « embarquée »
Les techniques de télésurveillance « embarquée dans les patients » insuffisants cardiaques, en permettant une optimisation régulière de leur traitement, grâce à la connaissance journalière, voire continue, de leur statut volémique, pourraient constituer une nouvelle étape de la prise en charge de cette maladie. Implanté dans une artère pulmonaire inférieure, un biosenseur permet de suivre en temps réel les données de pression de l’artère pulmonaire et transmet les informations à un relais extérieur situé au domicile du patient qui, à son tour, transmet ces données au clinicien. Le rapport bénéfice/risque très en faveur du suivi de la PAP chez les patients insuffisants cardiaques doit maintenant conduire à comparer cette technique aux autres modalités moins invasives de télésurveillance de cette maladie.Transplantation
La conception d’un cœur artificiel marque également un nouveau tournant de la transplantation cardiaque et avance pas à pas. Et demain… l’aventure de la recherche cardiologique continue et saura intégrer les outils connectés de demain.Dr Sylvie Le Gac
(1) N Engl J Med 2014 ; 371 : 993-1004.
(2) N Engl J Med 30 août 2014. Publication en ligne.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque