Victoires de la médecine

La prestigieuse recherche française

Publié le 14/12/2008
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BELLE CÉRÉMONIE que celle des Victoires de la médecine, à Paris. Sur la scène du théâtre Mogador refait à neuf, les auteurs de quinze prestigieuses innovations ou leurs représentants se sont succédé pour recevoir leur récompense. Organisée par MVS Productions avec le concours de la conférence des présidents des directeurs généraux de CHU et de la conférence des présidents des commissions médicales d’établissement, la 7 e édition des Victoires coïncidait avec le jubilé des CHU. Il y a cinquante ans, Robert Debré signait l’ordonnance portant création des centres hospitalo-universitaires. Un peu de mousse cocardienne ne faisant jamais de mal, cette édition a été l’occasion de revenir sur les premières mondiales réalisées par des équipes françaises au cours des cinq dernières décennies.

Et c’est vrai qu’il y a de quoi pousser de jolis cocoricos. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a elle-même ouvert le bal des récompenses avec fierté : « A l’heure des grandes orientations nationales, sur les souhaitables évolutions des CHU (…), il est réconfortant aussi de constater que cette évolution est constante d’année en année, que les innovations ne tarissent pas. Et ce sur tout le territoire français. Comment ne pas avoir confiance en la recherche française ? »

La découverte du VIH à l’honneur.

Soixante-dix-huit découvertes, recensées par les publications officielles, avaient été soumises à l’arbitrage des médecins, qui en avaient distingué quinze via le site internet des Victoires (voir la liste ci-dessous). Chacune a été présentée lors de la cérémonie à travers un petit reportage évoquant le contexte de la découverte et ses retombées sur d’autres disciplines ainsi que, bien sûr, son impact direct sur la vie quotidienne des patients. L’énumération a débuté avec un prix Nobel, le Pr Jean Dausset, distingué en 1980 pour sa découverte du système HLA, et s’est achevée avec un autre Nobel que les lauréats, les Pr Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Luc Montagnier, étaient précisément en train de recevoir à Stockholm, pour leur découverte du virus VIH.

Le millier de médecins présents à Mogador ont voté en direct, à l’aide de boîtiers électroniques pour désigner « trois coups de cœur », qui ont donc été révélés à la fin de la soirée. Il s’agit de la mise en place en 1968 d’une bioprothèse pour remplacement de la valve mitrale par le Pr Alain Carpentier (AP-HP), de la découverte du VIH par Françoise Barré-Sinoussi, Luc Montagnier et Jean-Claude Chermann (oublié par le Nobel) en 1983 et de la stimulation sous-thalamique pour traiter la maladie de Parkinson en 1993 par les Prs Alim-Louis Benabid et Pierre Pollak, du CHU de Grenoble.

« Je suis admiratif de voir que ces chercheurs n’ont pas suivi les chemins établis et qu’ils ont même dû enfreindre certaines règles parfois pour aboutir à de telles découvertes », s’est réjoui Christian Lajoux, président du Leem (Les entreprises du médicament).

Hommage a également été rendu cette année au Pr Jean Bernard (et doublement puisqu’il comptait parmi les quinze lauréats), avec la remise, par la Fondation pour la recherche médicale, d’un prix spécial portant son nom à l’un de ses héritiers. C’est le Pr Olivier Hermine, de l’hôpital Necker et de l’université Paris-V-René Descartes, qui en est l’heureux élu. «  Pour moi, petit, le Pr Jean Bernard était un héros. Aujourd’hui, on peut dire à un patient : vous avez une leucémie et nous allons vous guérir. Avant on ne pouvait pas annoncer cette maladie à quelqu’un puisqu’on ne pouvait pas la guérir. »

Coups de chapeau.

Deux coups de chapeau ont été donnés. Le premier, au Dr Alain Serrie, président-fondateur de l’ONG Douleurs sans frontières, qui a lancé un appel à signatures d’une résolution qui sera présentée à l’assemblée générale de l’ONU en 2009. Cette pétition (www.douleurs.org) vise la constitution d’une commission Douleurs, dont l’objet sera de mettre en place la prise en charge adaptée des douleurs dans les états membres. Elle a déjà recueilli 10 000 signatures, « mais nous en avons besoin de 20 000 à 30 000 », a insisté le Dr Serrie.

« Pour de grandes innovations, il faut être deux : le médecin et le patient » : le Dr Marina Carrière d’Encausse, qui animait la cérémonie, a ainsi annoncé le second chapeau, levé cette fois devant l’action du CISS, le Collectif interassociatif sur la santé, présidé par Christian Saout. C’est lui qui est monté recevoir le prix. « C’est bien que vous reconnaissiez que nous avons fait bouger les lignes. » Le CISS représente les intérêts de tous les usagers du système de santé et œuvre pour un accès pour tous à des soins de qualité.

› AUDREY BUSSIERE

Pour consulter les réactions des lauréats : www.medecinews.com. Pour les palmarès des années précédentes : www.victoires-medecine.com.

Le Quotidien du Mdecin

Source : Le Quotidien du Médecin: 8480