Selon une étude islandaise (1), le taux d'anticorps anti-SARS-CoV-2 reste stable jusqu'à quatre mois après l'infection : s'il augmente au cours des deux premiers mois suivant le diagnostic, il atteint ensuite un plateau. Les résultats de cette analyse sérologique sont publiés dans le « New England Journal of Medicine ».
« On ne sait pas si les anticorps qui persistent confèrent une protection et conservent des fonctions neutralisantes ou d’autres fonctions protectrices nécessaires pour bloquer la réinfection, soulignent deux chercheurs américains, Galit Alter et Robert Seder, dans un éditorial. Néanmoins, les données rapportées par Stefansson et ses collègues mettent en évidence l’utilité des tests sérologiques en tant qu’alternatives très rentables aux tests PCR pour la surveillance de la population ».
Une incidence de 0,9 %
À partir des données sérologiques, les chercheurs ont pu estimer que l'incidence de l'infection par le SARS-CoV-2 au sein de la population islandaise était de 0,9 %. La stratégie de dépistage massif du Covid par PCR mise en place en Islande — 15 % de la population a été testée au 15 juin — a permis de diagnostiquer par PCR 56 % des individus infectés. Selon les auteurs, le fait qu'une proportion importante des cas n’a pas été dépistée suggère que « de nombreuses personnes infectées n’ont pas présenté de symptômes importants ». Le risque de décès lié à l'infection a par ailleurs été évalué à 0,3 %.
Au total, les échantillons sériques de plus de 30 000 individus ont été analysés. Six tests différents ont été utilisés, dont deux détectant l'ensemble des immunoglobulines (IgM, IgG et IgA), appelés pan-Ig et ayant une spécificité de 99,8 %. Les auteurs ont considéré qu'un individu était séropositif dès lors que le résultat était positif pour ces deux tests pan-Ig. « Aucun des échantillons collectés au début de l'année 2020 n'était séropositif, ce qui indique que le virus ne s'était pas largement répandu en Islande avant février 2020 », relèvent les auteurs. Le premier cas confirmé ayant été rapporté le 28 février dans le pays.
Taux d'anticorps élevé chez les patients hospitalisés
L'étude montre que sur les 1 215 personnes ayant eu un Covid confirmé par PCR et guéries de l’infection, 91,1 % étaient séropositives. Les auteurs ont par ailleurs constaté que chez les personnes hospitalisées, la séroconversion était plus rapide et le taux d'anticorps plus élevé par rapport à celles non hospitalisées. Les taux d'anticorps étaient également plus élevés chez les patients âgés. En revanche, les taux d'anticorps étaient moins élevés chez les fumeurs et chez les femmes, celles-ci ayant des formes moins sévères de la maladie.
(1) D. F. Gudbjartsson et al., NEJM, DOI: 10.1056/NEJMoa2026116, 2020.
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