« CE N’EST PAS du tout une recherche de responsabilité ni de culpabilité, la démarche vise à comprendre et à améliorer la qualité et la sécurité des soins », explique d’emblée au « Quotidien » le Dr Bruno Bally, qui a piloté le projet Revue de mortalité et de morbidité (RMM) pour la Haute Autorité de santé (HAS). Un guide méthodologique et une fiche de synthèse sont disponibles et téléchargeables sur le site www.has-sante.fr afin d’aider les professionnels de santé à mettre en place une démarche d’apprentissage par l’erreur.
La Revue de mortalité et morbidité se définit comme une analyse collective, rétrospective et systémique de cas lors de la survenue d’un décès ou d’une complication, « qu’elle soit réelle ou potentielle », souligne le Dr Bally. Les membres du groupe de travail, constitué par les organismes professionnels, les fédérations d’établissements et les usagers, ont en effet voulu élargir le champ de l’analyse aux événements qui auraient pu causer un dommage au patient. « L’objectif était de proposer un cadre plus structuré et de valoriser la démarche pour ceux qui la pratiquaient déjà, comme en chirurgie ou en réanimation, mais aussi de la rendre accessible à ceux qui ne s’y sont pas encore engagés, y compris en médecine générale », poursuit le chef de projet.
Conscient des craintes évoquées par les médecins, qui voient dans les RMM une occasion de mise en cause personnelle et de sanction, le groupe de travail a unanimement rejeté la notion d’événement indésirable. De même, le « caractère évitable ou non » de l’événement n’a pas été retenu. Au contraire, « il est très important de rechercher tous les facteurs qui ont contribué à la survenue de l’événement qu’ils soient négatifs (dysfonctionnements) ou positifs, ceux qui ont empêché une aggravation ou une complication. Dans certains cas, il faut chercher à comprendre pourquoi cela s’est bien terminé », explique le Dr Bally.
Un cadre souple.
Le guide élaboré par la HAS fournit tous les éléments techniques qui permettent de mettre concrètement en place une RMM. Le document répond aux questions simples telles que : qui doit mettre en place la RMM, comment commencer, combien de temps cela dure, quelle est la fréquence et la durée des réunions, quels cas faut-il choisir ? « Le groupe a élaboré un cadre général le plus simple et le plus souple possible afin que chaque professionnel et chaque spécialité puissent l’adapter à sa pratique quotidienne. Il est important que les professionnels s’approprient la démarche. C’est à eux de définir leurs spécificités et nous serons à l’écoute », souligne encore le Dr Bally. Tout l’enjeu sera de concilier la démarche avec les organisations existantes. La HAS souligne le rôle des collèges de bonnes pratiques dans la promotion de la RMM.
Analyse rétrospective des cas, la RMM comprend nécessairement un volet prospectif de mise en uvre d’actions correctrices susceptibles de diminuer la probabilité d’apparition des causes à l’origine du risque étudié ou de limiter leurs effets délétères et leur gravité : nouvelle procédure de prise en charge, formation du personnel. Ces actions devront aussi être évaluées et faire l’objet d’un suivi. En plus de son intérêt pédagogique, la démarche est aussi éthique, puisqu’elle se préoccupe du service rendu au patient et s’interroge sur les conséquences des actes réalisés. La HAS précise qu’elle peut être valorisée « dans le développement professionnel continu (formation continue, évaluation des pratiques professionnelles, accréditation des médecins), la certification des établissements de santé et le système de gestion des risques d’un établissement ». Dans le manuel V2010 de certification, elle apparaît dans les pratiques exigibles prioritaires en chirurgie, en anesthésie-réanimation et en cancérologie. Dans les autres secteurs, la démarche reste volontaire.
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