Les 91 solitaires de la 10e Route du Rhum, prendront dimanche à Saint-Malo (Ouest) le départ de la célèbre transat en direction de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Avant de lever l’ancre, le skipper Kito de Pavent s’est soumis à une étude sur le sommeil qui pourrait déboucher sur des préconisations pour les salariés en rythme décalé.
« Jusqu’à présent, je dormais quand j’avais sommeil. » En dépit de son affirmation, le skipper Kito de Pavent n’est pas un dormeur comme un autre. Avant d’aborder la prochaine Route du Rhum sur son 40 pieds « Otio-Bastide Médical », le marin de Port-Camargue (Gard) a tenté d’optimiser ses plages de repos de façon plus scientifique avec le concours du Dr Bertrand de la Gisclais, médecin du sommeil, et de l’un de ses sponsors, Bastide Médical, une société spécialisée dans la prise en charge de l’apnée du sommeil.
« Les skippers qui obtiennent les meilleurs résultats sont ceux qui dorment le mieux », soutient le médecin-chef du centre du sommeil d’Annecy. Afin de préparer le marin, son sommeil a d’abord été étudié à terre puis en mer, pendant 4 jours – pour être représentatif – grâce à des capteurs placés sur le visage du marin et un polysomnographe. « Environ 50 % de notre sommeil n’est pas réparateur, explique le spécialiste. Les résultats que nous faisons à terre et en mer permettront de connaître les portes du sommeil de Kito. Sur une course comme la Route du Rhum, le temps de sommeil est divisé par deux ou par trois. Il faut donc aider le marin à connaître les moments privilégiés qui sont propres à chaque individu pour dormir en sautant la phase de sommeil léger. »
Conseils comportementaux
Enlever son ciré et ses bottes pour ne pas avoir trop chaud, instaurer un « rituel du coucher », tel que celui pratiqué inconsciemment à la maison, porter des lunettes de soleil avant d’aller dormir ou, au contraire (!) ne pas en porter aux heures où le skipper doit rester éveiller sont autant de conseils comportementaux prodigués par le médecin et que le marin devra appliquer en course à l’approche de ses sommeils dont la durée pourra durer de 10 minutes à 1 heure maximum, au sein de trois tranches horaires (23 h/1 h ; 4 h/6 h ; et 13 h/16 h). Du travail effectué auprès de Kito de Pavent, le Dr de la Gisclais aimerait tirer « des données pour mieux comprendre le sommeil polyphasique auquel sont également confrontés les travailleurs de nuit. J’aimerais présenter l’an prochain ces travaux lors du congrès annuel de la Société française de recherche et de médecine du sommeil (SFRMS). » Seul regret du soignant, qui a déjà notamment travaillé avec la navigatrice Isabelle Autissier : ne pas pouvoir mesurer le sommeil de Kito de Pavent pendant la course. Le règlement de la Route du Rhum interdit toute aide extérieure. Or, pareil équipement à bord pourrait être comparé à une assistance par télémédecine.
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