La cérémonie annuelle de remise des Prix INSERM aura lieu le 2 décembre au Collège de France, avec la remise de huit prix consacrant des personnalités « qui construisent au quotidien l’excellence de l’Institut ». Le Grand Prix revient au spécialiste des neurosciences cognitives, Stanislas Dehaene.
« J’ai décidé d’être chercheur le jour où mon père m’a appris que ce terme remplaçait celui d’inventeur, un métier fantasmé qui m’obnubilait depuis toujours. J’avais une dizaine d’années et j’étais un gamin très bricoleur. Je faisais de la menuiserie, de la programmation, je démontais tous les appareils qui me tombaient dans les mains », témoigne S. Dehaene.
Ce mathématicien d’origine, spécialiste des neurosciences et par la suite professeur de psychologie cognitive au Collège de France, est devenu en quelques années le spécialiste « des architectures cérébrales qui sous-tendent les fonctions cognitives ». Il s’intéresse aussi à une question physiologique aux retombées sociales et éducatives : « Comment l’éducation transforme le cerveau, par le langage ou la lecture par exemple. »
Avec son équipe, les chercheurs du centre NeuroSpin, une grande infrastructure de recherche sur le cerveau située au sud de Paris (Unité de neuro-imagerie cognitive, Université Paris-Sud 11), se focalisent sur « les signatures de la conscience. »
Connexions cérébrales à longue distance
« Notre hypothèse de travail est que la conscience est issue d’un système de connexions corticales à longue distance qui permet au cerveau de diffuser de l’information », explique Stanislas Dehaene. « Être conscient, c’est avoir une information disponible dans l’espace de travail neuronal global. »
Ses collaborateurs viennent d’identifier un marqueur qui permet de différencier les patients en état végétatif de ceux en état de conscience minimale, difficiles à distinguer sur le plan clinique. La distinction permet un pronostic sur la possibilité de récupération cérébrale.
En parallèle, Stanislas Dehaene et ses collaborateurs participent à de nombreuses études transversales. La dernière en date est un grand projet collaboratif baptisé Human Brain Project. « Il s’agit d’inventer une machine qui reproduit les propriétés du cerveau humain », résume-t-il. « En s’appuyant notamment sur des puces conçues pour imiter les neurones. »
Prix International et Prix d’Honneur
Le Prix INSERM International revient à Ogobara Doumbo, pour ses recherches sur le paludisme. Après un parcours de médecin chirurgien dans les villages de la brousse du Mali, Ogobara Doumbo décide de se consacrer à la recherche biomédicale, pour lutter contre le paludisme qui décime les populations.
Le Prix d’Honneur est attribué à Daniel Louvard, physicochimiste et biologiste. Fin stratège scientifique, il a su restructurer le Centre de recherche de l’Institut Curie, aujourd’hui mondialement reconnu pour ses travaux sur la biologie du cancer.
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