L’utilisation d’un implant baptisé « e-Dura » qui combine à la fois une stimulation électrique et chimique, a permis à des rats de recouvrer la marche, après une section de la moelle épinière, selon une étude publiée par des chercheurs de l’École Polytechnique de Lausanne (EPEL) dans « Science ».
L’e-Dura est flexible et extensible
« C’est comme une peau artificielle », explique le Pr Stéphanie Lacour, l’une des auteurs de l’étude. Le petit appareil de 3 mm de largeur et 200 µm d’épaisseur se glisse à la surface de la moelle épinière, sous la dure-mère, et délivre une stimulation électrique et chimique. « L’implant est composé d’une métallisation innovante », poursuit le Pr Lacour. Les matériaux (silicone, micro-billes de platine…) utilisés rendent l’e-Dura élastique et extensible, y compris les interconnexions et électrodes. L’implant imite les propriétés mécaniques du tissu vivant. « Nous avons utilisé un polymère dont les propriétés sont presque identiques à celle de la dure-mère », indique le Pr Lacour. L’implant est également pourvu d’un canal micro-fluidique par lequel est libéré un cocktail d’agonistes des récepteurs sérotoninergique et dopaminergique vers les cellules nerveuses situées sous le tissu lésé. Deux mois après l’implantation dans la moelle épinière des souris, aucun dégât, ni inflammation, ni rejet n’a été observé. Les rats ont fait leurs premiers pas quelques semaines après l’entraînement. « Nous n’avons pas cherché à démontrer la marche volontaire. Pour l’instant, c’est de la marche induite. Nous avons également exploré d’autres utilisations de l’e-Dura, comme mesurer l’activité dite descendante ou ascendante du système nerveux. L’une des prochaines étapes consistera à étudier la marche volontaire », précise le Pr Lacour.
Potentiel de l’e-Dura
La mise au point de ce nouvel implant a été possible grâce aux travaux antérieurs de l’équipe du Pr Grégoire Courtine qui, en 2012, avait montré qu’une double stimulation électrique et chimique sur des lésions de la moelle épinière restaurait la locomotion volontaire chez les rats. Les deux équipes ont donc combiné leur expertise pour créer la neuroprothèse e-Dura. « Nous avons la volonté de développer une technologie ou une solution durable chez l’homme. Le fait d’avoir une telle intégration de l’implant, au bout de deux mois, nous laisse penser que nous sommes sur la bonne voie », souligne le Pr Lacour.
Mais le potentiel de l’application de ces implants de surface est énorme. L’implant e-Dura pourrait également être utilisé dans le cas de l’épilepsie, la maladie de Parkinson et la gestion des douleurs. Les scientifiques envisagent de s’orienter vers des essais cliniques chez l’homme.
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