Une étude qui sort les supporters de foot de leur canapé

Publié le 21/01/2014

Pour que les hommes en surpoids fassent des efforts, va-t-il falloir que ce soit Zinédine Zidane qui le leur demande ? Et pourquoi pas répondent les auteurs de l’étude écossaise FFIT (Football Fans in Training) parue mardi dans le « Lancet ». Les auteurs ont aléatoirement réparti en deux groupes 748 membres de clubs de supporters de la première division écossaise (la Scottish Professional Football League) ayant un indice de masse corporelle supérieur à 28 kg/m2. Le premier groupe bénéficiait de sessions hebdomadaires de 90 minutes dispensées par des entraîneurs issus du personnel de 13 clubs professionnels de football, tandis que le deuxième groupe servait de contrôle. Ces sessions comprenaient des conseils comportementaux et des séances d’entraînement sur le terrain des équipes impliquées. Une fois la dernière séance achevée, le dispositif était complété par une phase de consolidation incluant l’envoie de six e-mails d’après programme et d’une réunion de groupe dans les locaux du club. Un dédommagement de 40 livres (48 euros), en bons d’achat dans la boutique du club, était en outre remis à chacun des participants.

Une expérience motivante

Cette expérience s’est révélée très motivante pour les fans de football, puisqu’un an après le début de l’expérimentation, les patients du groupe intervention avaient perdu en moyenne presque cinq kilogrammes de plus que les patients du groupe contrôle, soit 4,4 % de leur poids de départ. Alors que 11 % des patients du groupe contrôle avaient eu une perte de poids d’au moins 5 % c’était le cas de 39 % des patients du groupe sous intervention. Les auteurs ont en outre observé un impact significatif de l’intervention sur la consommation d’alcool, le pourcentage de graisse corporelle, le comportement alimentaire ainsi que divers scores mesurant l’estime de soi.

Et les femmes dans tout ça ?

Cette approche originale pour délivrer un message de santé public et modifier les comportements présentait toutefois quelques défauts. Les auteurs notent la faible diversité ethnique des participants. Les femmes risquent aussi d’être globalement peu concernées, serions-nous tentés d’ajouter. D’après une étude parue en 2011, également dans « The Lancet », la prévalence de l’obésité a doublé en 30 ans, passant de 4,8 % à 9,8 % chez les hommes et de 7,9 % à 13,8 % chez les femmes.

Dans un édito publié dans le même numéro du « Lancet » le médecin David Lubans de l’université de Newcastle estime que ces bons résultats ont pu être meilleurs avec une autre mode de recrutement : « Des participants évoluant au sein d’un même club de supporters ont été assignés dans des groupes différents, et peuvent avoir échangé des informations sur les sessions d’entraînement. » Le double aveugle n’aurait donc pas été total...

Source : Kate Hunt et all, A gender-sensitised weight loss and healthy living programe for overweight and obese men delivered by Scottish Premier League football clubs (FFIT) : a pragmatic randomised controlled trial, The Lancet, publication en ligne du 21 janvier.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr