LE PS CONFIRME, avec 25,04 % des suffrages, qu’il est le premier parti de France, tandis que l’UMP est talonnée par le Front national qui obtient 15,18 % des voix. Aussi bien au ministère de l’Intérieur qu’au niveau de la direction de l’UMP, on a tenté de minimiser la sévère défaite du parti de Nicolas Sarkozy, soit en présentant les résultats d’une manière qui a fait bouillir la gauche de colère, soit en soulignant que les cantonales ne comportent aucun enjeu national. Cela n’explique pas l’énorme pourcentage des abstentionnistes, 56 %, dont les troupes semblent venir des anciens électeurs de l’UMP. Le phénomène est d’autant plus intéressant qu’il traduit l’absence de deux peurs : celle qu’a toujours inspirée le FN et celle que commencent à soulever les idées exprimées par Martine Aubry, avec le solide soutien de Benoît Hamon. La crainte de l’alternance n’a pas joué, ce qui semble indiquer une très vive désaffection à l’égard de M. Sarkozy.
L’échec de tous les stratagèmes.
Mais qui est vraiment surpris par ce résultat ? Cela fait au moins deux ans que la majorité actuelle n’est plus tout à fait légitime, qu’elle est battue à chaque rendez-vous électoral et que les divers stratagèmes ou méthodes utilisés pour remonter la popularité du président et celle de l’UMP ont tous abouti à un échec. Notamment, l’énoncé de concepts subtilisés au FN pour lui faire perdre son audience. Il y a eu, dans cette stratégie, un entêtement fâcheux qui a rendu furieux l’électorat naturel de l’UMP. Quand, après un désastreux débat sur l’identité nationale, il fut question d’en ajouter un autre sur l’islam, vite requalifié en débat sur la laïcité, c’est un peu comme si l’UMP récidivait après avoir commis un premier délit. C’est le secrétaire génral du parti, Jean-François Copé, qui a le plus milité pour ce débat, qui se retourne contre lui comme un boomerang. M. Copé a été sommé de dire si, dans les quelque 400 cantons où le FN se maintient au deuxième tour et où l’UMP est en mauvaise posture, il préconise le report des voix de son parti sur la gauche. Il a répondu par la négative dans la nuit de dimanche à lundi, puis il a atténué ses propos lundi matin en affirmant qu’il n’interdisait à personne de voter à gauche, mais qu’il n’y aurait pas de front républicain, comme le souhaitait la gauche. En outre, il veut que, dans les triangulaires, les candidats UMP se maintiennent, même si, alors, ils feront gagner le Front national.
À l’UMP, on est donc mauvais perdant. Après tout, la gauche, en 2002, a voté Chirac comme un seul homme pour que Jean-Marie Le Pen fût battu par une majorité républicaine. Il est vrai, néanmoins, comme le souligne Christian Jacob, chef des élus UMP à l’Assemblée, que le discours du PS est d’une violence extrême contre M. Sarkozy, de sorte que la droite classique n’est pas encouragée à faire des cadeaux à la gauche au nom des grands principes. À la défaite, s’ajoute une forte amertume qui n’est pas le meilleur vecteur du redressement. Il est donc plus que probable que le Front, qui, à l’heure actuelle n’a aucun élu dans les cantons, l’emporte dans quelques uns des 204 duels qui l’opposent au PS. Tout ça grâce à une progression de trois points de pourcentage par rapport aux cantonales de 2004.
À eux trois, le PS, Europe-Écologie- les Verts (EELV, 8,3 %) et le Front de gauche (9 %) remportent environ 42 pour cent des voix, ce qui donne la mesure de l’audience de la gauche, mais ne préjuge pas de ce qui se passera en 2012, étant entendu que, si l’alliance avec EELV est probable, le rapprochement avec le mouvement de l’imprévisible Jean-Luc Mélenchon est plus aléatoire.
LE RÉSULTAT D’UNE STRATÉGIE VOUÉE À L’ÉCHEC
Comment l’UMP va-t-elle s’organiser, d’abord pour ses électeurs se rendent aux urnes au second tour, ensuite pour rétablir sa crédibilité dans la perspective de 2012, voilà un mystère que M. Copé n’a pas élucidé, sans doute parce qu’il devine qu’il s’est lui-même fourvoyé dans une stratégie électorale fondée sur des signaux aux électeurs du Front et dont l’échec est accablant. Il aurait pu renverser la vapeur et donné un mot d’ordre pour faire barrage au FN, d’autant que, de Gérard Larcher à Valérie Pécresse, plusieurs membres éminents de la majorité actuelle, se sont prononcés pour le vote à gauche au cas où le FN risque de l’emporter. Il est vrai toutefois que cette attitude n’aurait fait que confirmer la persistante faiblesse de l’UMP, ravalée au rang des soutiens circonstantiels à la gauche. Disons que les cantonales sont donc perdues mais que l’UMP, si elle ne veut pas éclater, si elle ne veut pas ouvrir un boulevard à la gauche, si elle ne veut pas disparaître pendant dix ans, doit mettre au point un autre plan de bataille que celui proposé par M. Sarkozy, puis par M. Copé.
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