LE PRÉSIDENT s’était contenté de bougonner que c’était une bien mauvaise idée d’aller passer ses vacances en Tunisie pendant une révolution. Les révélations du « Canard Enchaîné » et de « Médiapart », un site d’informations, montrent l’ampleur des accointances de la ministre des Affaires étrangères avec l’ancien pouvoir tunisien. Elle a appelé Zine el-Abidine Ben Ali quelques jours à peine avant sa chute. Les propos qu’elle a prononcés à l’Assemblée nationale où elle envisageait d’apporter une assistance sécuritaire à la Tunisie prennent une autre signification que celle qu’elle a ensuite avancée. Pis : son père a acheté les parts d’Aziz Miled dans une société immobilière pour une somme supérieure à 300 000 euros et donc sa proximité avec cet homme, dont elle ne peut plus prétendre qu’il était une « victime » du régime de Ben Ali, est infiniment plus grande que ce qu’en dit son récit d’une rencontre fortuite à l’aéroport de Tunis avec l’homme d’affaires, qui lui aurait proposé de l’accompagner à Tabarka dans son avion personnel. Elle a menti par omissions multiples. Et la question se pose de son maintien au gouvernement ; elle se pose, avec la même intensité, pour son compagnon, Patrick Ollier, ministre des relations avec le Parlement, qui voyageait avec elle.
NON SEULEMENT SARKOZY NE REMONTE PAS LA PENTE, MAIS IL LA DESCEND
Nicolas Sarkozy est extrêmement embarrassé. La majorité a fait bloc autour de la ministre avec une loyauté qu’elle va finir par regretter, surtout si la litanie des révélations continue. Le président sait bien qu’une double démission serait une sérieuse défaite qui affaiblirait son gouvernement. En même temps, la position de Michèle Alliot-Marie, qui a longtemps inspiré le respect, devient intenable. Le problème, pour M. Sarkozy, c’est que le temps qu’il reste jusqu’aux élections générales de 2012 est jalonné de revers politiques. Loin de s’améliorer, la situation, pour la droite, s’aggrave. On peut toujours dénoncer le harcèlement auquel se livrent les médias et la gauche, on ne peut pas ignorer le grave conflit d’intérêts où MAM s’est fourvoyée.
Tension avec le Mexique.
M. Sarkozy, qui a toujours une arrière-pensée électorale, croyait que son martial engagement en faveur de Florence Cassez ne lui vaudrait que des applaudissements. La jeune femme a été condamnée au Mexique, pour participation, à un enlèvement à 60 ans de prison. Tous les moyens diplomatiques ont été déployés par la France pour tenter de convaincre les autorités, judiciaires et politiques, de l’innocence de Mme Cassez. Une visite officielle de M. Sarkozy au Mexique n’a donné aucun résultat. Entre-temps, la preuve a été fournie que la police mexicaine avait truqué les preuves dont elle disposait. L’Église mexicaine a d’ailleurs reconnu que Mme Cassez était victime d’une erreur judiciaire. Mais le président mexicain, Felipe Calderon, s’est enfermé hermétiquement dans une position sévère et intransigeante, lui aussi parce qu’il soigne soes électeurs. Mme Cassez est très populaire en France, elle ne l’est pas au Mexique où les enlèvements sont légion et où les victimes réclament les peines les plus lourdes pour les preneurs d’otages. Là-dessus se greffe un conflit culturel : un policier mexicain s’acharne contre Florence Cassez parce qu’elle a affirmé qu’il est corrompu. Les parents de la jeune femme, mais pas elle, ayant suggéré d’annuler l’année du Mexique en France, qui a déjà commencé, les Mexicains estiment que la France les traite par le mépris.
Cédant aux arguments de Mme Cassez, M. Sarkozy a renoncé à l’annulation. Mais la tension reste très vive entre les deux pays. Le gouvernement français ne peut pas dire que le Mexique n’est pas un État de droit, mais la presse française ne prend pas de gants pour l’affirmer et elle a raison. Bref, pour le moment, il n’y a aucune chance d’alléger la peine subie par Florence Cassez. Si, à ce jour, la gauche a approuvé la position du gouvernement dans cette affaire, des voix s’élèvent dans tous les camps politiques pour critiquer la maladresse diplomatique du pouvoir. Mais allez savoir ce qui est préférable, de la carotte ou du bâton. Une élue UMP est même allée jusqu’à laisser entendre que Florence Cassez n’est pas innocente. Ce n’est pas le problème. Le problème est qu’elle a été condamnée à une peine inexistante en France pour des faits qui ne sont étayés que par des preuves fabriquées. L’espoir est bien mince de parvenir à un compromis avec le Mexique et l’affaire finira par être portée au passif du chef de l’État.
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