« Les personnes de 16 et 17 ans souffrant d’une pathologie à très haut risque de forme grave de Covid-19 sont autorisées, à compter du 6 mai, à se faire vacciner avec le vaccin Pfizer-BioNTech en centre de vaccination », a précisé la Direction générale de la santé dans une note publiée sur son site internet. Le vaccin Pfizer-BioNTech est pour l'heure le seul autorisé à partir de 16 ans en France et en Europe.
Jusqu'à présent, les seuls mineurs éligibles à la vaccination étaient ceux âgés de 16 et 17 ans proches de personnes immunodéprimées ainsi que certains enfants à très haut risque (par exemple, présentant des déficits immunitaires spécifiques de la voie de l’interféron de type I) ayant aussi pu être vaccinés hors AMM. Désormais, peuvent donc se faire vacciner tous ceux souffrant d'une maladie à très haut risque de forme grave de Covid, comme des déficits immunitaires héréditaires, des fibroses pulmonaires, des hypertensions pulmonaires, des maladies auto-immunes, neurodégénératives ou rares, etc. Au total, le nombre de majeurs concernés par ces pathologies serait de 800 000, selon l'AFP.
Autorisation actée dès 12 ans au Canada, à venir aux États-Unis
À moyen terme, le vaccin Comirnaty de Pfizer pourrait même être autorisé chez les enfants à partir de 12 ans. Le Canada vient de franchir le pas. « Nous sommes les premiers dans le monde à autoriser le (vaccin) Pfizer pour les 12-15 ans », a déclaré la Dr Supriya Sharma, conseillère médicale en chef à Santé Canada, lors d'une conférence de presse ce 5 mai, saluant « une étape importante dans la lutte du Canada contre la pandémie ». Le laboratoire avait déposé sa demande d'élargissement de l'âge de vaccination au gouvernement canadien le 16 avril.
Le Canada a fondé sa décision sur de « nouvelles données recueillies » après un vaste essai clinique de phase 3 aux États-Unis, élargi à plus de 2 000 participants âgés de 12 à 15 ans, a précisé Santé Canada. « Les données de l'essai clinique ont montré qu'après la deuxième dose, l'efficacité de prévention du Covid-19 dans cette tranche d'âge plus jeune était de 100 % », contre plus de 90 % chez les adultes, a assuré le ministère.
Le profil d'innocuité du vaccin de Pfizer-BioNTech chez les 12 à 15 ans est « semblable » à celui observé chez les personnes plus âgées, c'est-à-dire que les effets secondaires les plus couramment signalés étaient « temporaires et légers, comme une douleur au bras, des frissons et de la fièvre » selon Santé Canada, qui a donc conclu que le vaccin était « sûr et efficace » pour prévenir le Covid-19 chez les adolescents.
Aux États-Unis, une décision de l'Agence américaine des médicaments (FDA) sur l'élargissement du vaccin Pfizer à cette même tranche d'âge est imminente. « Je veux que les parents américains sachent que lorsque cette annonce tombera, nous serons prêts à agir immédiatement », a déclaré Joe Biden, précisant que 20 000 pharmacies pourront tout de suite vacciner les adolescents, en attendant que des doses soient par la suite envoyées aux pédiatres. Annonçant une « nouvelle phase » de la campagne de vaccination, Joe Biden s'est par ailleurs fixé l'objectif qu'au moins 70 % des adultes aient reçu au moins une dose d'ici la fête nationale du 4 juillet (c'est le cas pour environ 56 % aujourd'hui).
Évaluation en cours en Europe
L'Agence européenne des médicaments (EMA) a quant à elle annoncé le 3 mai avoir entamé l'évaluation de l'utilisation chez les 12-15 ans du vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19. Dans un communiqué, elle indique que son Comité des médicaments à usage humain « va mener une évaluation accélérée des données transmises par la compagnie ». « L'EMA communiquera les résultats de son évaluation, attendus en juin sauf si des informations complémentaires sont nécessaires », poursuit l'agence, basée à Amsterdam.
Si cette autorisation était accordée, elle s'appliquerait dans les 27 États membres de l'UE. Les laboratoires Pfizer/BioNTech mènent aussi une étude chez les enfants de 6 mois à 11 ans, et deux études de Moderna sont en cours, l'une parmi les 12 à 17 ans, la seconde chez les 6 mois à 11 ans.
Selon les experts, la vaccination des enfants pourrait permettre d'atteindre l'immunité collective. « Si les nouveaux variants changent le R0 de la maladie, on ne peut plus se contenter de 60 à 70 % de la population immunisée pour contrôler l'épidémie, mais il faut compter au moins 80-90 %, voire plus, ce qui se semble difficile à atteindre sans vacciner les enfants et les adolescents », estime le Pr Robert Cohen, pédiatre, infectiologue et président du Conseil national professionnel de la pédiatrie.
Mais d'autres soulèvent des questions éthiques : « dans un monde idéal, où les approvisionnements sont illimités, oui, je dirais que tout le monde doit être vacciné », a déclaré à l'AFP la Dr Priya Sampathkumar, de la Mayo Clinic. « Mais vacciner davantage de monde aux États-Unis ne nous aidera pas si les variants en Inde ou en Asie du Sud sont hors de contrôle et arrivent jusqu'à nous », a-t-elle estimé.
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