La santé des migrants est un « enjeu de santé publique », écrit le Dr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France. « La France peut et doit mieux faire. Il n'y a aucune difficulté insurmontable dans une prise en charge honorable et digne des migrants », s'est insurgé le Pr Jean-François Delfraissy, au nom du Comité consultatif national d'éthique (CCNE). « Les droits fondamentaux doivent être mis en place pour tous les migrants. C'est une obligation de l'État français car ce sont des droits universels », a argumenté Jacques Toubon, Défenseur des droits.
Les déclarations se sont multipliées cette année pour alerter sur la santé des migrants, et la dégradation de leurs conditions d'accueil, à Calais, près de la frontière italienne, ou encore en Ile-de-France.
Les associations ont renouvelé leurs plaidoyers pour un accès aux droits universels et un accueil inconditionnel, et ont fustigé une hausse de la pression sécuritaire. Dans le Nord, depuis le démantèlement des camps de Calais et Grande-Synthe, « les gens se terrent dans les bois comme des bêtes, c'est indigne » et l'accès aux soins pour les migrants, comme le travail des associations n'en sont que plus entravés, s'est alarmé le Dr Richard Matis, vice-président de Gynécologie sans frontières. À Paris, peu après la 35e opération de mise à l'abri de migrants, autour du centre de premier accueil de la Chapelle, MDM dénonçait les pressions policières. L'hiver venu, c'est l'ensemble du monde associatif qui a claqué la porte de Matignon, pour protester contre le projet de recenser les personnes accueillies dans les centres d'hébergement d'urgence, y voyant une logique de tri.
Et toutes les ONG de demander une politique migratoire pérenne avec davantage de centres de premier accueil doté d'une dimension sanitaire (comme celui d'Ivry, pour les plus vulnérables) et de structures d'hébergement.
Mais ce qui est nouveau est la prise de parole d'instances gouvernementales. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a désavoué la politique d'accueil du gouvernement cet été, après une visite au centre de La Chapelle, régulièrement saturé faute de centres en province. « La thèse de l'appel d'air (défendue par le ministre de l'intérieur Gérard Collomb) s'est toujours avérée fausse », a-t-il déclaré.
Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) a déploré dans son avis 127 rendu le 16 octobre l'incurie des pouvoirs publics, voire leur volonté de rendre invisible la migration. « On droit de l'hommise la prise en charge or il faudrait rapprocher le système de soins des migrants, pour que les associations soient supplétives, et non essentielles » résume l'un des rapporteurs, le magistrat Jean-Marie Delarue. Parmi les préconisations : que l'hôpital public sorte de ses murs et qu'il inspire confiance, que ce soit par la simplification de l'accès aux consultations, notamment de spécialistes, ou la présence d'interprètes professionnels.
Quant à Santé publique France, l'agence a livré dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 5 septembre plusieurs photographies des problèmes de santé que connaissent les exilés : pathologies infectieuses, insécurité alimentaire, violences, et troubles psychiques.
Mineurs non accompagnés laissés pour compte
L'accueil des mineurs non accompagnés, 13 000 en 2016, probablement 25 000 cette année, est devenu une urgence. L'aide sociale à l'enfance, sans condition de nationalité, se trouve saturée dans plusieurs départements. Mi-octobre, le Premier ministre Édouard Philippe s'était engagé à ce que l'État « assume l'évaluation de l'âge et l'hébergement d'urgence » de ces MNA « jusqu'à ce que leur minorité soit confirmée ». Les associations craignent des discriminations entre enfants français et étrangers, tout en contestant les méthodes pour évaluer la majorité. Sans parler de la situation des jeunes qui sont déboutés. Le 5 décembre, Médecins sans frontières a ouvert un centre à Pantin pour les accueillir et les orienter. Encore une association, dans l'attente de la réforme promise par le Premier ministre au printemps 2018.
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