COUPS sévères qui ont entraîné des fractures, sévices sexuels ou menaces de viol, fausses exécutions, supplice de l’eau, privation de sommeil, exposition à des températures extrêmes, positions forcées, nudité forcée : telles sont les pratiques de tortures dont se sont plaints des détenus de la base américaine de Cuba, les quatre dernières relevant des techniques d’interrogatoire renforcé autorisées après le 11 septembre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Vincent Iacopino, conseiller de l’association des Médecins pour les droits de l’homme (Physicians for Human Rights) et le brigadier général Stephen N. Xenakis, retraité de l’armée américaine, ont étudié les dossiers médicaux et différents documents concernant neuf prisonniers, à la recherche de preuves de tortures et de mauvais traitements. Dans les neuf cas, les détenus ont fait état de méthodes d’interrogatoire abusives telles que celles citées plus haut, ce que confirmaient des symptômes physiques et psychologiques dûment répertoriés par le personnel médical (qui dépend du ministère de la Défense).
Or, notent les auteurs de l’étude publiée dans « PLoS Medicine », les médecins qui soignaient les prisonniers se sont abstenus de poser des questions sur les causes des symptômes et des blessures. Tandis que les problèmes psychologiques suivant les interrogatoires étaient le plus souvent attribués à des « désordres de la personnalité » et aux « facteurs de stress habituels en cas de confinement », que les symptômes psychotiques et les hallucinations temporaires n’étaient pas rapportées à d’éventuels abus et que les critères diagnostiques de dépression majeure et/ou de trouble de stress post-traumatique, présents dans les neuf cas, étaient ignorés. Pire encore, les interrogateurs avaient accès à l’information médicale et les utilisaient contre les détenus. L’un d’entre eux, qui souffrait d’une douleur dorsale chronique, a ainsi été placé dans des positions prolongées très pénibles.
Une enquête nécessaire.
Les deux auteurs concluent que les médecins et le personnel de santé mental désignés par le ministère de la défense « ont négligé et/ou caché les preuves médicales de mauvais traitements intentionnels » et qu’ils ne pouvaient ignorer les souffrances sévères et prolongées provoquées par ces derniers. Ils réclament une enquête impartiale et approfondie, incluant l’information classée secret défense, pour connaître l’étendue exacte de la complicité médicale avec les pratiques américaines de torture. « Jusqu’à ce qu’une telle enquête soit entreprise et que les responsables de la torture en répondent, l’intégrité éthique des médecins et des autres personnels de santé restera mise en doute. »
Selon les documents militaires révélés par WikiLeaks, qui datent de 2002 à 2009 et portent sur 704 des 779 hommes passés par Guantanamo, au moins 150 ont finalement été reconnus innocents et la majorité étaient des seconds couteaux. Le plus vieux détenu (dix mois de détention) avait 89 ans, souffrait de démence sénile et de dépression ; le plus jeune avait 14 ans. Guantanamo accueille actuellement 172 détenus ; 48 pourraient être gardés indéfiniment sans être jugés. La Maison Blanche a réaffirmé récemment sa promesse de fermer à terme la prison.
PLoS Med 8(4): e1001027 (www.plosmedicine.org)
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