Dans la foulée de la Journée mondiale du don d'organes et de la greffe, le 17 octobre prochain, l’Agence de la biomédecine (ABM) lancera, du 18 octobre au 11 novembre, une campagne d’information sur le don de rein à un proche (spot radio, nouvelle affiche pour les professionnels de santé, brochures, vidéo, témoignages sur les réseaux sociaux, refonte du site dondorganes.fr) avec le slogan « La solution est en nous ».
L’objectif est de « sensibiliser les professionnels de santé et le grand public », explique Emmanuelle Cortot-Boucher, directrice générale de l’ABM, alors que la greffe de rein à partir d’un donneur vivant ne représente que 15 % des greffes rénales réalisées en 2020 (18 % en pédiatrie), contre seulement 4 % en 2000. Si la pratique progresse, son ampleur n’égale pas les taux atteints par certains de nos voisins, et notamment « 42 % au Royaume-Uni et 53 % aux Pays-Bas », poursuit Emmanuelle Cortot-Boucher.
En France, une personne sur dix souffre d’une maladie rénale chronique (5,7 millions de personnes), et 91 875 sont traitées pour une insuffisance rénale chronique terminale par dialyse (55 %) ou par greffe (45 %). Parmi les possibilités thérapeutiques, la greffe rénale à partir d’un donneur vivant reste « l’option privilégiée à chaque fois que c’est possible », souligne la directrice générale de l’ABM.
De meilleurs résultats avec un donneur vivant
La greffe de rein améliore l’espérance de vie du receveur et sa qualité de vie, notamment en mettant fin aux périodes de dialyse. En termes de survie, un écart de 18 % est observé entre un don à partir d’un donneur vivant et celui depuis un donneur décédé, relève le Pr François Kerbaul, directeur du prélèvement et de la greffe organes-tissus de l’ABM.
Et, par rapport à la greffe à partir d’un donneur mort, celle à partir d’un donneur vivant permet une durée d’ischémie plus faible et donc de meilleurs résultats sur le long terme, avec un greffon qui fonctionne plus longtemps. À dix ans, environ trois quarts des greffons prélevés sur un donneur vivant sont encore fonctionnels contre environ deux tiers si le donneur est décédé.
En pratique, le sujet du don d’un proche peut être complexe pour les candidats à la greffe qui n’osent pas toujours l’aborder avec leurs proches. Cette option doit pourtant être envisagée dès le diagnostic. « La greffe préemptive (avant que le patient n’atteigne le stade de l’insuffisance rénale terminale, NDLR) permet de limiter le recours à la dialyse », rappelle le Pr Kerbaul, observant une hausse de la pratique, notamment depuis les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) de 2015.
Le don par un proche est par ailleurs encadré par la loi. Le donneur doit avoir un lien avec le receveur : famille, conjoint ou toute personne pouvant apporter la preuve d’un « lien affectif étroit et stable » depuis au moins deux ans avec le receveur, précise le Pr Kerbaul.
Un assouplissement des conditions de dons croisés
Le don et la greffe peuvent être réalisés même en cas d’incompatibilité (immunitaire, sanguine) entre le donneur et le receveur via le don croisé qui permet de mélanger des paires de donneur/receveur par le biais de techniques d’appariement. Cette activité est jusqu’ici restée « très faible », souligne le directeur du prélèvement et de la greffe entre 2014 et 2017, seulement une dizaine de dons croisés ont été réalisés.
Mais la récente loi de bioéthique ouvre des perspectives en permettant des dons croisés entre six paires, contre deux auparavant. Des donneurs décédés peuvent aussi être intercalés dans la chaîne. La loi assouplit également les conditions de simultanéité, les interventions pouvant désormais s’étendre jusqu’à 24 heures.
Ces dispositions créent des conditions favorables au développement de la pratique, alors que l’activité de greffe rénale a été complètement interrompue pendant le premier confinement. Une baisse de 29 % des greffes rénales et de 24 % pour celles à partir d’un donneur vivant a été observée sur la période. Si une reprise progressive a été mise en œuvre dans le cadre de filière « Covid free », un retour à la normale n’a été constaté qu’à partir du mois de juin, sans que le retard accumulé n’ait été complètement rattrapé dans un contexte de tension hospitalière.
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