LE QUOTIDIEN - On parle beaucoup d’accès aux soins mais très peu de médecine spécialisée. Le regrettez-vous ?
DR JEAN-FRANÇOIS REY - C’est une constante depuis cinq ans. Quand on parle d’accès aux soins, on évoque uniquement les soins primaires réalisés par les médecins traitants. On oublie de dire que les soins primaires concernent aussi les médecins spécialistes. Ils offrent pourtant, du fait de l’amplitude horaire de leurs consultations, un accès aux soins pour des patients dans un cadre réglé ou de semi-urgences.
La loi HPST a été écrite par des technocrates qui ne connaissaient pas le terrain. Elle a mis en place un système à l’anglaise avec un médecin traitant qui est presque un gate-keeper aux côtés de l’hôpital public. C’est un gâchis humain et financier. Envoyer des patients dans des consultations hospitalières de CHU pour des pathologies bénignes revient à 150 euros alors qu’un C2 de consultant coûte 50 euros.
Aujourd’hui, de quels atouts dispose la médecine spécialisée pour inverser cette tendance ?
Elle a un atout considérable : la proximité des patients. La médecine spécialisée libérale offre aux malades une prise en charge plus « humaine » que la médecine hospitalière. C’est aussi une médecine de très haute technicité en endoscopie digestive ou en cardiologie interventionnelle par exemple.
La médecine spécialisée libérale doit-elle faire des efforts pour gagner en visibilité ou en crédibilité auprès des pouvoirs publics ?
Tout à fait. Certaines spécialités ont été amenées à se regrouper pour des raisons financières (radiologues, cardiologues, gastro-entérologues) mais d’autres ont fait l’erreur de ne pas prendre le train en marche.
Les spécialités cliniques ont toujours vécu de manière isolée, avec peu d’information, peu de matériel informatique et peu de secrétariat. Un cabinet de cinq psychiatres est plus fort que cinq psychiatres isolés vis-à-vis de la population. L’avenir des spécialités cliniques est de se regrouper.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux candidats à l’élection présidentielle ?
N’occultez pas la médecine spécialisée de proximité ! Il y a actuellement 45 000 médecins spécialistes hospitaliers et 60 000 généralistes. Mais il y a aussi près de 55 000 médecins spécialistes libéraux. Ne privez pas nos concitoyens de leur expertise. Les candidats doivent réaliser que nous existons, que les Français et le système de soins ont besoin de nous.
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