La situation au Mali était au cœur du dernier bilan hebdomadaire organisé à la Direction générale de la santé (DGS) par Jean Debeaupuis, directeur général de l’Offre de soins (DGOS), Marc Meunier, directeur général de l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS), le Pr Thierry Debord, chargé du pôle santé de la task force interministérielle Ebola, et en présence du Pr Jean-François Delfraissy, coordonnateur de cette task force.
« Le mali est à un moment charnière, a affirmé le Pr Delfraissy de retour de Bamako, il peut devenir le troisième bon élève, parmi les pays africains, à avoir stoppé l’épidémie d’Ebola dans sa première phase, après le Sénégal et le Nigeria »
Un déficit de capacités diagnostiques
Le Pr Jean-François Delfraissy a pourtant identifié des motifs d’inquiétude lors de son passage dans le pays. « Il y a un gros déficit de capacité de diagnostic », a-t-il noté, « il est préoccupant de voir que l’Imam (le second cas d’infection par le virus Ebola dans le pays N.D.L.R) et un des malades qu’il a contaminé, aujourd’hui tous les deux décédés, n’ont pas été diagnostiqués : il n’y a pas de confirmation biologique, mais les suspicions cliniques sont très fortes. »
Le Pr Jean-François Delfraissy note cependant que le « tracking » des plus de 400 contacts recensés au Mali a été « très bien fait », mais qu’il subsiste un « flou côté guinéen de la frontière où l’Imam a été en contact avec 250 personnes ». Cet exemple illustre le besoin de collaboration de part et d’autre des 700 km de frontière très poreuse qui sépare les deux pays. « La collaboration est possible car il s’agit des mêmes populations parlant la même langue », a ajouté le Pr Jean-François Delfraissy.
Une coordination nécessaire entre les deux pays
Une réunion doit rassembler vendredi les ministres de la santé des deux pays, afin de concevoir les modalités de cette coordination. Il est également envisagé par MSF de constituer un centre de traitement et de diagnostic dans la partie guinéenne de Kourémalé, la ville frontalière d’où est originaire l’Imam.
Il a également annoncé que la France apporterait une aide à la formation des personnels des structures de soins maliennes : « Je suis passé aux urgences de l’hôpital du Point G. Ils ne sont pas formés du tout, ils ne pensent tout simplement pas à la possibilité d’Ebola face à un patient. » Les soignants, les infirmières et le personnel de l’hôpital seront prochainement formés avec l’aide du Groupe d’intérêt public Esther, très présent au Mali.
En revanche, il n’est pour l’instant pas jugé primordial de monter un nouveau centre de traitement au Mali même, en plus de celui déjà administré par MSF Belgique qui dispose de 6 lits, et qui doit bientôt augmenter ses capacités jusqu’à 12 lits. Ce centre est localisé sur un campus universitaire en dehors de Bamako. C’est sur ce campus que se situe également le centre de recherche vaccinale dirigé par le Pr Samba Sow, nommé par le président Malien Ibrahim Boubacar Keïta coordinateur du Centre opérationnel d’urgence contre Ebola. « Il n’y a pas de raison d’en créer un autre », a estimé le Pr Jean-François Delfraissy.
Le ministère de la santé malienne a confirmé cette semaine l’existence de deux nouveaux cas d’infection par le virus Ebola, portant à 7 le nombre total d’infections. La détection de l’un d'eux a été rendue possible par le suivi des contacts des malades précédents.
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