C’est pour aider un de ses proches atteint d’un cancer que Jean-François Pierre a lancé l’opération « Bouffée d’art à l’hôpital ». Pharmacien de formation et directeur d’une agence de communication, il est frappé par le côté aseptisé des établissements hospitaliers. « À l’intérieur de l’hôpital on se sent en décalage avec la vie extérieure », explique l’initiateur du projet. « Nous avons voulu capter la couleur du quotidien de la rue et l’amener dans les établissements hospitaliers. Pour que les personnes en cancérologie ne se sentent plus complètement à l’hôpital. »
Il fait appel à un collectif de grapheurs pour repeindre un mur de plus de 1 500 m2, une première opération réalisée au mois de janvier dernier avec l’accord du promoteur immobilier, Icade, et la mairie de Paris. Le mur est à présent détruit, mais il reste plus de 3 000 photos prises avant sa destruction. L’objectif aujourd’hui est de contacter les hôpitaux pour leur faire don de ces œuvres pour « qu’en voyant ces photos les malades en cancérologie ne pensent plus à leur cancer », souligne Jean-François Pierre. « Les malades sont inégaux face à la maladie, mais tous ont une ressource commune, le mental. Le but de cette action est de donner du mental. »
Importance du psychisme.
À l’occasion, d’une présentation des photos, plusieurs médecins ont été invités à parler de l’impact du psychisme sur la maladie. « La force de l’esprit peut atteindre des sommets que je n’imaginais pas », raconte le Dr Dominique Elias, chirurgien digestif et hépato-biliaire à l’Institut Gustave Roussy. Il se souvient de cette patiente qu’il avait opérée et dont le cancer avait récidivé. C’est elle qui avait insisté pour être réopérée. Une opération délicate que le chirurgien accepte de pratiquer à condition que la tumeur reste stable durant un an, ce qui s’est produit. « Pour cette réintervention difficile c’est elle qui m’a soutenu », se rappelle-t-il. La patiente lui avait confié qu’elle avait une fille de 8 ans, et qu’elle ne partirait pas avant ses 18 ans. « Elle est morte exactement le jour de l’anniversaire des 18 ans de sa fille. Un exemple incroyable et qui montre ce dont sont capables la volonté et le mental », poursuit le chirurgien. Selon lui le meilleur moyen de rassurer un patient est de se conduire comme un très bon professionnel, d’apporter des réponses claires et des explications factuelles. « Tout en respectant ses capacités d’assimilation », souligne-t-il.
Le Pr Jean-François Bergmann, chef du service de médecine interne A de l’hôpital Lariboisière, a souligné l’importance du mental des patients lors des essais thérapeutiques. Leur motivation conditionne le suivi et la réussite des traitements en cours d’évaluation. Il a illustré son propos en expliquant que les patients non motivés, qui prennent mal leur traitement, ont un pourcentage de mortalité plus élevé que ceux qui, motivés, prennent correctement le placebo.
« La prise en charge psychologique est arrivée à l’hôpital il y a une vingtaine d’années et c’est un grand mieux », continue le Pr Pascal Hammel, du service de gastro-entérologie pancréatologie, à l’hôpital Beaujon. « Tout patient qui a un cancer est ébranlé et il faut qu’il se laisse aider », poursuit-il. Certains patients demandent à connaître la vérité, mais, insiste-t-il, « ce qu’ils veulent en réalité c’est entendre qu’ils ont des chances de survie. » Pour aider le patient à positiver le médecin souligne l’importance de la présence des proches. « Pour leur remonter le moral, on leur dit qu’ils ne sont plus seuls, qu’on trouvera pour eux les meilleures solutions. Il faut souligner les éléments positifs », conclut-il.
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