La confiance dans les vaccins s’améliore en Europe, mais s’érode ailleurs

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Publié le 14/09/2020
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Crédit photo : PHANIE

Si la confiance dans la vaccination reste faible sur le continent européen, des signes indiquent qu’elle « augmente dans une grande partie de l'Europe, y compris en France, où la confiance des vaccins est restée faible depuis 2015 », relèvent les auteurs d’une étude menée sur le sujet dans 149 pays.

Publié dans « The Lancet », ce travail a permis de cartographier la confiance dans les vaccins à travers le monde et son évolution entre 2015 et 2019. Les chercheurs ont analysé et modélisé les données de 290 enquêtes sur l’importance des vaccins, leur innocuité ou leur efficacité, réalisées auprès de 284 381 personnes.

En France, une progression entre 2018 et 2019

En Europe, sur la période, la confiance a augmenté sur les trois éléments de confiance (importance, sécurité et efficacité) dans plusieurs pays, dont la France, l’Irlande, l’Italie ou le Royaume-Uni. « La confiance dans l'importance des vaccins (plutôt que dans leur innocuité ou leur efficacité) avait l'association la plus forte avec la prise de vaccin par rapport aux autres déterminants considérés », observent les auteurs.

Dans l’Hexagone, où la défiance s’est installée depuis plusieurs années, la confiance dans la sécurité notamment progresse de 22 % des personnes interrogées dans un sondage de novembre 2018 à 30 % dans une enquête de décembre 2019.

En Pologne, en revanche, la confiance s'érode depuis la fin de 2018 (de 64 % en novembre 2018 à 53 % en décembre 2019), reflétant « l’impact croissant d'un mouvement anti-vaccin local très organisé », est-il souligné.

Entre mouvements en ligne et extrémisme religieux, un recul multifactoriel

La perte de confiance dans la sécurité des vaccins est particulièrement marquée dans six pays : l'Afghanistan, l'Azerbaïdjan, l'Indonésie, le Nigeria, le Pakistan et la Serbie. Ces reculs ont plusieurs origines selon les pays. Si, en Corée du Sud, c’est « la mobilisation en ligne contre les vaccins » qui est soulignée par les auteurs, dans d’autres pays, « l’instabilité politique » et « l’extrémisme religieux » peuvent être en cause. « Des recherches plus poussées devraient étudier le lien entre la polarisation politique, l'extrémisme religieux et le populisme et les croyances en matière de vaccination », estiment-ils.

Plusieurs facteurs modulant la confiance (ou la défiance) envers les vaccins sont par ailleurs identifiés, et notamment la confiance dans les systèmes de santé et le fait d’être bien informé. Quel que soit le pays étudié, le moindre niveau d’études est associé à une diminution des chances d’adoption du vaccin, tandis que « les comportements positifs de recherche d'informations et la confiance dans les soignants, plus que d'autres sources, pour obtenir des conseils médicaux et sanitaires étaient associés à des chances accrues de participation », observent les auteurs.

Selon eux, ce travail de mesure de la confiance à travers le monde doit être poursuivi et pourrait constituer un « système d'alerte précoce pour déclencher l'intervention nécessaire » afin de maintenir ou rétablir l’adhésion des populations à la vaccination. Dans le contexte pandémique actuel, leur outil « fournit une base de référence précieuse des niveaux de confiance », utile pour « identifier les domaines où un renforcement de la confiance est nécessaire », plaident-ils.


Source : lequotidiendumedecin.fr