POUR 2011, nous n’espérions qu’une croissance comprise entre 1,5 % et 2 %, ce qui serait déjà insuffisant pour commencer à résorber le chômage. Mais l’incendie révolutionnaire qui se propage dans le monde arabe rend déraisonnables toutes les prévisions antérieures de croissance pour les pays développés. En France, cette nouvelle difficulté économique risque d’accroître le malaise social et amoindrira encore les chances de la majorité actuelle lors des élections de 2012.
Casse-noisette.
Le gouvernement se préoccupe certainement de ce coup du sort, qu’il n’a pas anticipé et contre lequel il est désarmé. Non seulement il accepte la hausse du prix des carburants à la pompe, source importante de taxes, mais il consent apparemment à une hausse prochaine de 5 % du prix du gaz. Une intervention des pouvoirs publics pour maintenir les prix de l’énergie à un niveau supportable, par exemple en refusant à GDF la hausse du prix du gaz ou en plafonnant la taxation des carburants, ne semble pas envisagée, bien que les hausses aient un effet négatif immédiat sur l’activité économique, complètement dépendante du pétrole. Ce n’est pas d’aujourd’hui que le gouvernement est pris, comme dans un casse-noisette, entre le maintien des recettes fiscales et une augmentation des coûts de production qui limite notre compétitivité.
Notre seule chance, dans cette affaire, c’est que notre sort est indistinct de celui de l’Europe et des États-Unis. Il ne peut y avoir d’action contre la hausse des prix de l’énergie que si elle est concertée. Il s’agira, principalement, d’obtenir des producteurs dont les régimes restent politiquement stables qu’ils passent à l’acte, en remplaçant baril pour baril la production libyenne. Si la situation de la Libye est trop confuse pour que l’on puisse envisager une date du retour au calme (Kadhafi semble décidé à livrer une bataille au finish), l’Égypte s’est remise au travail, ce qui veut dire que le canal de Suez reste ouvert et permet le passage des tankers. La crise de Bahrein, en revanche, n’a pas encore de solution. La répression se poursuit mais les insurgés chiites n’ont pas baissé les bras. Ce micro-État n’a d’importance que parce qu’il est situé sur une position stratégique dans le golfe Persique. Une victoire des chiites pourrait faire peser une menace sur les approvisionnements.
Alternatives.
Dans ces conditions, le président Barack Obama pourrait donner le feu vert à des forages off shore et en Alaska. La pollution par le pétrole jailli d’un puits qui a explosé l’an dernier dans le golfe du Mexique a donné un coup d’arrêt à la prospection off shore par les Américains. Si l’exportation du pétrole irakien, saoudien et koweitien diminue, le président des États-Unis sera moins sensible aux argumentations en faveur de l’environnement, illustrées par la catastrophe de Louisiane. Et la production d’or noir à partir des schistes bitumineux, très active au Canada, naissante aux États-Unis, sera reprise de plus belle.
LES PAYS DÉVELOPPÉS VONT CHERCHER À RÉDUIRE LEUR DÉPENDANCE PÉTROLIÈRE
La rapidité du changement dans le monde arabe relativise ou annule les plus solides engagements des pays industrialisés en faveur de la maîtrise de la pollution. Il faut certes beaucoup de temps pour reconvertir nos industries à des énergies moins nuisibles ou pas nuisibles du tout à l’environnement. Mais la fragilité politique des approvisionnements, combinée à la croissance très vive des pays émergents, montre que, en ce qui concerne le remplacement des hydrocarbures par d’autres énergies, il n’y avait pas une minute à perdre. On peut parier que l’écologie va perdre de son importance dans les mois qui viennent parce que les gouvernements voudront parer au plus pressé et réduire leur dépendance à l’égard de pays producteurs dont les régimes sont tous affaiblis par les révolutions en cours.
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