NICOLAS SARKOZY avait pourtant affirmé, il y a quelques mois que, en aucun cas, les soldats français ne tireraient sur un seul Africain. Il a changé d’avis mardi dernier en prenant un risque politique et militaire qui s’ajoute à ceux de notre engagement en Libye et en Afghanistan. S’il ne faut dîner avec le diable qu’avec une longue cuiller, celle de la France est surdimensionnée, qui va d’Afghanistan en Libye et plus loin, en Côte d’Ivoire. Aucune de ces interventions n’est simple, brève ou facile. En dix ans en Afghanistan, nous avons perdu 55 hommes et rapatrié des centaines de blessés. En Libye, le risque d’enlisement est évident et reconnu d’ailleurs par le chef de l’état-major, l’amiral Édouard Guillaud, et par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Aussi dévastatrices qu’elles puissent être, les frappes de l’OTAN n’empêchent ni les contre-offensives de Kadhafi sur le terrain ni les épouvantables bombardements des forces kadhafistes à Misrata qui exterminent les civils libyens.
L’effacement américain.
Les États-Unis se contentent désormais de procéder au ravitaillement en vol des chasseurs-bombardiers de l’OTAN, ils ne participent plus aux raids. Barack Obama a approuvé toutes les initiatives de M. Sarkozy en Libye et en Côte d’Ivoire mais il semble totalement indifférent à une évolution diplomatique en vertu de laquelle s’efface le rôle des Amléricains tandis que celui des Français devient primordial. Certes notre pays n’est pas le seul qui soit engagé en Libye et en Côte d’Ivoire ; certes, rien n’est fait sans l’aval préalable de l’ONU. Mais, si Paris n’avait pris la tête de l’action diplomatique et militaire, les insurgés libyens seraient déjà écrasés et Alassane Ouattara serait en bien mauvaise position. On peut considérer, pour autant que, au cœur de ces deux guerres civiles, nous ne perdions pas des soldats, que le dynamisme personnel de M. Sarkozy a hissé la France au-dessus de son statut de puissance moyenne, car elle fait bouger les lignes et semble parvenir à inverser le cours historique. On peut craindre en même temps que l’accusation d’ingérence et de néocolonialisme, lancée avec mauvaise foi mais de façon répétitive par nos adversaires, finisse par porter ses fruits. Par exemple en Côte d’Ivoire où M. Gbagbo s’empressera de dire, s’il est en définitive contraint à l’exil, que son adversaire Ouattara a moins été élu par les Ivoiriens que par l’ancienne puissance coloniale.
SI ON APPROUVE LES INTERVENTIONS MILITAIRES, CE DOIT ÊTRE POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
Le gouvernement a donc pris des risques et, dans une période de pénurie, engagé des fonds importants. Personne ne dit (ni ne demande) combien coûtent ces deux conflits, mais les dix premiers jours de bombardements de la Libye par les États-Unis ont coûté 550 millions de dollars. Personne n’insiste sur l’abnégation de nos armées présentes en Afghanistan, en Libye, en Côte d’Ivoire, à Djibouti, en Afrique centrale et au Qatar et dont les effectifs sont surutilisés alors qu’il est très difficile de recruter de jeunes hommes ou femmes pour en faire des militaires. Nos dirigeants ne seront blâmés par l’opinion que si les choses tournent mal pour nous, si les conflits s’enlisent, si les problèmes humanitaires invoqués pour les deux opérations en Libye et en Côte d’Ivoire ne sont pas rapidement réglés, ce qui nous obligerait à poursuivre une tâche que la durée rendrait particulièrement périlleuse.
Fallait-il abandonner M. Ouattara à son sort et les civils libyens à la férocité de leur « Guide » ? Répondre par la négative pose autant de problèmes que l’engagement en faveur des damnés de la terre qui pullulent et dont le nombre et la variété excluent qu’un pays ou même plusieurs puissent voler à leur secours sytématiquement. La pire des attitudes consisterait à applaudir le chef de l’État pour ses initiatives courageuses et généreuses et l’accabler ensuite d’injures si un « Rafale » est abattu. Oui, ce serait le pire des comportements mais, en l’occurrence, le pire est sûr.
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