Le Centre international de Recherche sur le cancer de Lyon (CIRC), dépendant l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de classer la pollution atmosphérique dans le groupe 1 des agents susceptibles d’accroître le risque de cancer chez l’homme.
À l’issue d’une revue de la littérature, les experts du CIRC « ont conclu qu’il existait suffisamment de preuves pour affirmer que l’exposition à l’air extérieur est une cause de cancer avéré de cancer du poumon. Il existe également une association positive pour le cancer de la vessie », souligne le CIRC. Le risque de cancer du poumon augmente avec l’exposition aux matières particulaires et à la pollution de l’air.
Les experts ont évalué séparément ces matières particulaires, comme par exemple les particules fines. Elles aussi ont aussi été classées par le CIRC dans la catégorie « cancérigène certain » (groupe 1).
Cancer du poumon et de la vessie
Mais la nouveauté reste bien le classement dans ce groupe de la pollution atmosphérique. Le CIRC avait déjà évalué de nombreux produits et mélanges chimiques présents dans l’air environnant : gaz d’échappement des moteurs Diesel, solvants, métaux et poussières. C’est la première fois que la pollution atmosphérique, déjà connue pour augmenter les risques d’un large éventail de maladies, comme les maladies respiratoires et cardiaques, est classée comme cause de cancer.
« Notre tâche était d’évaluer l’air que tout le monde respire plutôt que de nous concentrer sur des polluants atmosphériques spécifiques », a précisé le Dr Dana Loomis chef adjoint de la section des Monographies. « Nous savons maintenant que la pollution de l’air extérieur n’est pas seulement un risque majeur pour la santé en général, mais aussi l’une cause environnementale de premier plan des décès par cancer », a renchéri le Dr Kurt Straif, chef de la section des Monographies du CIRC.
10 % des cancers du poumon liées à des causes environnementales
Les Monographies sont un programme du CIRC surnommé aussi « l’encyclopédie des cancérogènes » et qui constitue une source de données scientifiques faisant autorité sur les substances et les expositions cancérogènes pour l’homme.
Les experts ont évalué plus de 1 000 articles scientifiques sur des études menées sur les 5 continents (Europe, Amérique du nord et du sud et en Asie) incluant plus des millions de personnes. Les résultats des études passées en revue vont dans le même sens : l’accroissement significatif du risque de cancers du poumon.
Toutefois les experts précisent que le tabac demeure la principale cause. Seulement « 10 % environ des cancers du poumon sont liés à des causes environnementales comme la pollution de l’air », a indiqué Christopher Wild, directeur du CIRC. En 2010, 223 000 décès liés d’un cancer du poumon étaient dus à une exposition à la pollution atmosphérique, selon les données du centre.
Appel à l’action
Les principales sources de pollution de l’air extérieur sont les transports, la production stationnaire d’électricité, les émissions industrielles et agricoles, le chauffage résidentiel et la cuisine. Si la composition de la pollution atmosphérique et les niveaux d’exposition varient de façon importante en fonction des lieux géographiques - une hausse significative a été observée ces dernières années dans un pays comme la Chine -, les experts soulignent que leurs conclusions « s’appliquent à toutes les régions du monde ».
Le CIRC espère que ce classement constitue « une étape importante » et un « signal fort » envoyé à la communauté internationale « pour qu’elle agisse sans délai ». Maintenant que les faits ont été établis par les scientifiques, ils en appellent aux politiques et à une action de santé collective. Les données détaillées seront publiées en ligne par « The Lancet oncology ».
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque