LE MINISTRE des Affaires étrangères, Alain Juppé, a admis jeudi qu’une enquête serait réalisée sur le parcours de Merah et sur les éventuelles erreurs d’appréciation que la police a pu commettre. Les fonctionnaires ont payé un lourd tribut à la neutralisation de Merah, avec un total de six blessés, sans compter l’extraordinaire logistique qu’il a fallu mettre en place pour venir à bout du tueur. Lequel, au terme d’un suspense qui a duré plus de 32 heures, ne s’est pas rendu, comme le souhaitait le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui entendait le déférer devant la justice. L’assassin a remporté son ultime et macabre « victoire » en refusant de se rendre, en tirant sur les forces de l’ordre avec une rage inouïe et en évitant, par la mort, le procès auquel le pays le vouait.
Le public sera soulagé par la disparition d’un monstre capable d’assassiner indifféremment des soldats ou des enfants et qui s’apprêtait à commettre, comme il l’a dit aux négociateurs, d’autres crimes. Le soulagement général sera néanmoins tempéré par une prise de conscience : il y a sans doute d’autres Merah qui courent dans nos rues et peuvent instantanément se transformer en tueurs en série. On imagine que la cascade de désastres provoquée par Merah va conduire les services français de sécurité à surveiller de plus près les individus connus pour leurs penchants intégristes. D’une certaine manière, l’attitude des dirigeants politiques, qui, hormis Marine Le Pen, ont refusé tout amalgame entre la religion musulmane et le fondamentalisme meurtrier, risque d’être remise en cause par la simple nécessité de prévenir de nouveaux crimes, par des descentes de police dans les milieux intégristes et par l’interpellation de personnes susceptibles de passer à l’acte.
De lundi à mercredi, Nicolas Sarkozy s’est déplacé à Toulouse et à Montauban. Il a prononcé plusieurs discours très dignes, à la fois fermes et œcuméniques. Il a tenu à recevoir les représentants de la communauté musulmane au même titre que ceux de la communauté juive. Pour les dirigeants musulmans, ce fut l’occasion de stigmatiser un individu qui se réclame de leur religion. Ils se sont élevés vigoureusement contre l’intégrisme et la réputation qu’il tente de faire à l’islam. Pendant les journées de deuil, on a eu le sentiment que toutes les composantes du pays étaient unies et que la diversité n’empêchait nullement la communion nationale. Les décisions sécuritaires qui vont être forcément prises, surtout en période électorale, risquent de perturber la communauté musulmane. Mais on ne pourra pas en faire l’économie.
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