L’échange par erreur de deux embryons vire au scénario d’un mauvais film

Publié le 17/04/2014
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Crédit photo : PHANIE

Après une fécondation in vitro effectuée dans les services de l’hôpital universitaire Pertini à Rome, une Italienne porte les jumeaux d’une autre femme. Aujourd’hui, cette affaire qui touche quatre couples différents risque de faire de nouvelles victimes. La direction générale de la Sécurité sociale romaine vient de faire savoir que « tous les anciens patients de l’hôpital Pertini ayant subi une opération de fécondation artificielle pourront faire faire un test ADN à leurs enfants ».

La santé italienne en pleine déliquescence

Une décision qui pourrait déboucher sur de nouveaux drames familiaux et de nombreux traumatismes psychologiques. « Il n’y a aucune justification possible, le système de fécondation n’admettant pas les erreurs. Du moins, en ce qui concerne la théorie. Cette affaire ne m’étonne pas plus que cela. En Italie, la santé est en pleine déliquescence, on ferme des hôpitaux publics et on signe des conventions avec le privé. La Santé italienne est dans les mains des lobbies », assène le Dr Patrizio Bernini. Ce psychiatre ancien chef de service d’un hôpital romain qui enseigne au département de psychiatrie de la faculté Gabriele d’Annunzio, à Pescara, souligne l’importance des vérifications prénatales.

« Cette femme a probablement réclamé des tests génétiques pour vérifier que son enfant n’avait pas par exemple le syndrome de la trisomie 21. Si de tels tests étaient systématiquement effectués, cela pourrait réserver des surprises dans le cadre des FIV… », estime Patrizio Bernini.

La direction générale a ajouté que des tests seront effectués sur les cellules staminales des deux jumeaux. Les résultats seront comparés avec l’ADN des trois autres couples. Cette opération a deux objectifs : d’abord vérifier que les deux jumeaux ont un matériel génétique identique, et puis identifier les éventuels vrais parents. Mais ces tests risquent de ne servir à rien sur le plan juridique.

Selon la loi sur la fécondation artificielle, les donneurs ne peuvent en aucun cas revendiquer la paternité. Toutefois, une telle erreur n’ayant jamais eu lieu – du moins officiellement – en Italie, la loi pourrait être interprétée différemment par les tribunaux.

Mercredi matin, l’un des quatre couples impliqués dans ce drame a porté plainte. La mère qui a perdu l’embryon après un avortement spontané réclame une comparaison de son ADN et celui de son mari avec celui des deux jumeaux. « Si ces enfants sont les miens, je ferai tout mon possible pour qu’ils me soient rendus », a asséné la jeune femme.

L’hypothèse d’une erreur sur les noms de famille

Selon l’avocat de la jeune femme portant les deux jumeaux, l’erreur pourrait être due à un échange de noms sur les éprouvettes, le nom de famille et la date de naissance de sa cliente ressemblant à celui d’une autre patiente. « Le jour de l’intervention, l’infirmière m’a appelé. Dix minutes plus tard, elle s’est excusée en disant qu’elle s’était trompée de patiente car mon nom de famille ressemble à celui d’une autre femme qui subissait elle aussi une FIV ce jour-là », a confié la future mère à son avocat.

Outre les contours juridiques obscurs de cette affaire liée à une tragique erreur médicale, il y a aussi les conséquences psychologiques. Pour les quatre couples et les futurs enfants. « Un enfant doit grandir dans un environnement protégé. Que se passerait-il si on devait lui expliquer que ses parents ont fait une FIV pour l’avoir et que les médecins se sont trompés en manipulant les éprouvettes ? Les conséquences sur le plan psychologiques pourraient être compliquées », estime Patrizio Bernini.

De notre correspondante à Rome, Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr