Si les deux ans de pandémie de Covid-19 ont affecté le quotidien de l’ensemble des habitants de la planète, les femmes ont subi des impacts sociaux et économiques plus importants que les hommes, met en évidence une étude publiée dans « The Lancet », quelques jours avant la journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars.
Ce travail s’est appuyé sur les données d’enquêtes réalisées entre mars 2020 et septembre 2021 dans 193 pays. Cinq aspects ont été explorés : la situation économique et le travail, l'éducation, la sécurité à la maison et dans la communauté, la position vis-à-vis des vaccins et l’accès aux services de santé.
Des inégalités exacerbées par la crise
Il en ressort que, sur la période, les femmes étaient plus susceptibles de déclarer une perte d'emploi (26 % en septembre 2021) que les hommes (20,4 %). « Les impacts économiques ont plus touché les femmes que les hommes, résume la Dr Luisa Flor, co-auteur principal de l'étude, car elles ont tendance à être employées de manière disproportionnée dans des secteurs plus durement touchés par le Covid-19, tels que l'industrie hôtelière ou en tant que travailleuses domestiques. »
Les femmes étaient également 1,8 fois plus susceptibles que les hommes de déclarer un renoncement au travail pour s'occuper des autres, et « ce ratio est passé à 2,4 en septembre 2021 », est-il relevé. Les femmes et les filles étaient par ailleurs 1,21 fois plus susceptibles d’abandonner leur scolarité pour des raisons autres que la fermeture des écoles. Des variations régionales sont observées, mais aussi selon le niveau d’instruction, les catégories instruites étant moins touchées.
Enfin, les femmes étaient 1,23 fois plus susceptibles de déclarer une augmentation des violences sexistes pendant la pandémie. Les taux les plus élevés ont été signalés par les femmes d'Amérique latine et des Caraïbes (62 %), des pays à revenu élevé (60 %) et d'Afrique subsaharienne (57 %).
Pas de différence en termes de santé
En revanche, l’hésitation vaccinale ne différait pas significativement entre hommes et femmes. Si ces dernières, plus attentives aux effets secondaires, étaient plus réticentes au départ (25,6 % contre 22,3 % en janvier 2021), l’écart s’est réduit avec le temps. De même, aucune différence entre hommes et femmes n’a été relevée concernant l’interruption des soins liée à la pandémie. Que ce soit pour la vaccination ou pour les soins, les personnes vivant en milieu urbain, plus âgées et très instruites étaient moins susceptibles de signaler des obstacles à l’accès aux soins ou des réticences à la vaccination.
Ces résultats suggèrent que « le Covid-19 a eu tendance à exacerber les disparités sociales et économiques existantes plutôt qu'à créer de nouvelles inégalités », souligne la Pr Emmanuela Gakidou, autrice principale de l’étude, exprimant des craintes quant aux retombées négatives au-delà de la pandémie. « Des mesures doivent être prises maintenant non seulement pour inverser les disparités actuelles, mais aussi pour combler davantage les lacunes présentes avant le début de la pandémie », estime-t-elle.
Une inquiétude similaire ressort des résultats rapportés par une enquête publiée par l’ONU Femmes. Mené auprès de 16 154 femmes dans 13 pays à revenus intermédiaires (Colombie, Ukraine, Maroc, Bangladesh, etc.) par deux chercheuses de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce travail fait également état d’un impact plus important de la crise sanitaire sur le quotidien des femmes. Pendant la pandémie, elles ont notamment consacré plus de temps aux tâches ménagères qu’à leur emploi. Leur charge mentale a été renforcée par le télétravail, les enfants à la maison et les restrictions de sorties, impactant leur santé psychologique, qui apparaît plus dégradée que celles des hommes.
« Les incertitudes économiques, les fermetures des écoles ou encore la charge mentale due aux tâches domestiques ont créé un environnement propice aux conflits intra-familiaux », soulignent les chercheuses, alors que quelque 45 % des femmes interrogées disent avoir été victimes, ou connaître une femme qui a été victime, de violences depuis le début de la pandémie.
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