« Des seins sensuels, plus gros, plus fermes, en toute sécurité ». « Perdre du ventre sans faire de folie ». Chaque mois, les magazines spécialisés étalent leurs titres accrocheurs.
Hommes, femmes, riches ou moins fortunés, le culte du corps n’épargne personne. Et pour le sculpter au bistouri, on économise très tôt.
Le Brésil compte 5 200 chirurgiens plastiques. Leur référence, c’est Ivo Pitanguy, ponte de la chirurgie plastique dans le monde, et quasi-demi-dieu dans son pays.
À plus de 80 ans, il opère toujours. « Mon travail, esquisse-t-il, consiste à enlever le trauma pour être bien avec soi-même. Cela n’a rien à voir avec l’élégance. Même un membre d’une tribu peut vouloir améliorer son image ». La légende d’Ivo Pitanguy naît d’un coup du destin : en 1961, un incendie dans un cirque brûle des centaines de Brésiliens. Ivo Pitanguy les opère à la chaîne et sauve des vies. C’est le début d’une ascension fulgurante. Célébrités et anonymes, par milliers, s’en sont un jour remis à lui.
Pitanguy a démocratisé la discipline
Quand il ne gère pas sa clinique, à Rio de Janeiro, le Pr Pitanguy opère les démunis à l’hôpital Santa Casa da Misericórdia. Bénévolement. « J’ai beaucoup œuvré pour enlever le caractère élitiste de la chirurgie esthétique », dit-il. L’école qu’il a fondée a formé plus de 600 chirurgiens de 50 pays.
Une cinquantaine d’internes suivent actuellement le cursus. « C’est le meilleur de tous, glisse l’un d’eux. Il opère encore. Le mois dernier, c’était une tumeur du nez. Les techniques qu’il a inventées dans les années 1980 sont utilisées partout sur la planète. Des instruments portent son nom ». Et l’étudiant de montrer la photo, dans un livre signé Pitanguy, d’une longue pince écartant la peau de l’abdomen.
Marier l’art et la médecine
Tous admirent le maître, qui, lui, admire l’art. On vient de très loin se faire opérer ici. Le lifting du visage est l’acte le plus populaire. Tarif confidentiel.
Pourquoi un tel engouement, quand le sujet reste encore tabou en France ? « Au Brésil, on admire le corps, répond une étudiante de Pitanguy. J’ai moi-même testé un lifting du visage à 20 ans. Je recommence bientôt ». Sa camarade, elle, se sent « beaucoup mieux » depuis son opération des seins l’an dernier.
La chirurgie esthétique au Brésil est perçue, de plus en plus, comme un principe démocratique. Chacun a droit à sa tranche de bonheur, et à ses kilos en moins. Le Pr Pitanguy se fait philosophe : « Quand il y a un déséquilibre entre l’âme et le corps, l’énergie ne coule pas vraiment ». « Quand vous changez le corps, vous changez l’âme », approuve cette étudiante « retouchée ».
Greffe : les Français favorables au don mais trop peu informés
Maladie de Charcot : les troubles du sommeil précéderaient l’apparition des symptômes moteurs
Recherche
Cohorte ComPaRe : cinq ans d’enseignements tirés des patients
Traiter l’obésité pédiatrique améliore la santé cardiométabolique à long terme