LA GUERRE des monnaies oppose principalement le dollar américain et le yuan chinois, mais elle a un effet direct sur le taux de change de l’euro. Pour continuer à exporter et à engranger des devises (elle en possède un paquet de 2 500 milliards de dollars), la Chine maintient le taux de change du yuan à un niveau artificiellement bas qui creuse le déficit du commerce extérieur des États-Unis. Les Américains souhaitent, non sans logique, une réévaluation du yuan à la mesure des résultats commerciaux prodigieux des Chinois, de manière à rétablir, au moins partiellement, l’équilibre de leurs échanges avec le monde. Devant le refus obstiné de Pékin, ils n’ont pas hésité à injecter 600 milliards de dollars dans l’économie américaine pour faciliter le crédit intérieur et améliorer le taux de croissance, tout en sachant qu’ils courent le risque d’une inflation qui affaiblira un peu plus leur monnaie et qu’une nouvelle « bulle » du crédit peut se traduire par une deuxième crise financière mondiale.
Nicolas Sarkozy, dont la mission est de défendre l’euro, qui se renforce tous les jours à cause des dévaluations compétitives pratiquées par d’autres puissances et met en péril les exportations européennes, n’a pu que dresser le constat de son impuissance. Bien que le président chinois, en visite à Paris il y a une semaine, ait donné des assurances à M. Sarkozy, la délégation chinoise à Séoul a rejeté tout compromis qui irait dans le sens du réévaluation substantielle du yuan. De sorte que Barack Obama non plus ne se croit pas obligé de faire une fleur aux Européens et qu’il stimulera la croissance américaine à n’importe quel prix. C’est donc l’anarchie qui règne sur le plan monétaire mondial et il faudra la bonne volonté des grandes puissances, du FMI et de la banque centrale européenne pour apporter les corrections indispensables à une politique monétaire qui semble suicidaire.
L’EUROPE PRISE EN TENAILLE DANS UN CONFLIT SINO-AMÉRICAIN
Ce ne sera pas une tâche facile tant les autorités chinoises sont obstinées alors que, à long terme, si une bulle éclate, la Chine sera tout aussi pénalisée que les pays occidentaux. D’une part, la dévaluation objective du dollar affaiblit le commerce extérieur européen et donc la production de l’Union, mais aussi la capacité de la Chine à vendre ses produits aux États-Unis ; d’autre part, la même dévaluation diminue la valeur des devises que la Chine possède. Les Chinois pensent qu’il vaut mieux tenir que courir. Sans doute se souviennent-ils aussi que la récession de 2008-2009 les a épargnés et qu’ils en surmonteraient une autre. C’est une tentation diabolique. Un effondrement des exportations chinoises qui surviendrait avant la mise en place d’un plan économique qui encouragerait la consommation chinoise et créerait l’amorce d’"un système social, casserait net la croissance chinoise, celle-là même qui est l’alpha et l’oméga de la politique économique du gouvernement chinois.
Dangereuse fierté.
Ces arguments, assortis de savants arguments techniques qu’il serait inutile de reproduire ici, finiront-ils par être entendus ? Ce qui est inquiétant, c’est l’arrogance de la Chine. De son triomphe économique, elle tire une fierté telle que ses dirigeants se croient infaillibles. On l’a déjà vu à propos du Tibet ou du prix Nobel obtenu par Liu Xiaobo. Plus alarmant, on voit maintenant comment un différent avec le Japon à propos des îles Kourile a été traité à Pékin par une politique de la cannonière qui n’a rien à envier aux méthodes qu’ont employés, contre la Chine, les Occidentaux à la fin du XIXè siècle et au début du XXè. Ce retour en arrière peut enclencher une dynamique protectionniste dont beaucoup d’Américains sont demandeurs et un raidissement des Européens qui, victimes de la mondialisation et des délocalisations, seront conduits à limiter leurs importations de Chine si un euro trop fort les empêche d’exporter vers ce pays. Les Chinois doivent mettre fin à une contradiction qui leur permet d’accumuler la richesse d’un puissant pays et de réclamer en même temps le statut monétaire d’un pays « émergent ».
L’EUROPE PRISE EN TENAILLE DANS UN CONFLIT SINO-AMÉRICAIN
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque