LE 5 NOVEMBRE dernier, le président américain semblait avoir durablement perdu la partie. Il était critiqué à la fois par une droite réactionnaire et libertaire et par une gauche dont il n’avait appliqué que très partiellement le programme. Barack Obama qui, dans ses discours, insiste surtout sur sa sincérité, semble avoir senti passer le vent du boulet. En dépit des criailleries des Tea Partiers, il a procédé, juste avant Noël, à des manœuvres dignes de Clausewitz ou des ruses à la Machiavel, dans la mesure où il a fait adopter par le Congrès « lameduck » (canard boîteux) des lois d’une importance majeure que le nouveau Congrès aurait apparemment repoussé sans délai. Coup sur coup et en quelques jours à peine, les élus du Capitole ont aboli la loi « don’t ask don’t tell » (ne demandez pas, ne dîtes pas) qui permettait aux homosexuels d’entrer dans l’armée mais seulement sous le couvert d’une clandestinité absolue. Désormais, aux États-Unis, on pourra afficher ses préférences sexuelles et être quand même recruté par l’armée. Mieux : le président a passé un compromis financier avec le Congrès qui, certes, ne va pas dans le sens d’une réduction du déficit budgétaire dès lors qu’il retarde d’un an l’augmentation des impôts pour les plus aisés, mais permet d’indemniser les chômeurs pendant un an de plus. Enfin, Obama a obtenu l’aval du Congrès pour le traité Start de réduction du nombre d’ogives nucléaires conclu avec la Russie. Le texte attendait d’être avalisé depuis des mois et Moscou exprimait une impatience qui risquait de nuire aux relations entre les deux pays.
Précipitation suspecte.
Pour un président mis en minorité, accablé d’injures et voué aux gémonies, ce travail législatif est remarquable. Il a d’ailleurs été dénoncé par nombre d’élus républicains pour qui la seule perspective possible est l’éviction de M. Obama en novembre 2012.
Les affiliés du Tea Party n’ont pas manqué de condamner l’adoption, dans une précipitation suspecte, de textes plus conformes au triomphalisme démocrate de naguère qu’au populisme . Le mot d’ordre des républicains est simple : il faut abolir la réforme de la santé adoptée l’année dernière. Il se peut, effectivement, que les républicains, qu’ils appartiennent ou non au Tea Party, parviennent à constituer une majorité pour ramener les États-Unis à l’anarchie sanitaire. Mais il se heurteront au veto de M. Obama, qui ne renoncera pas au fleuron de son action politique.
D’ailleurs, on n’en est pas là. La vraie question est la suivante : Barack Obama est-il définitivement affaibli ? Après tout, il y avait assez de républicains dans l’ancienne Chambre pour faire capoter les lois adoptées en décembre. Alors que le président bénéficiait presque d’une majorité de 60 %, l’opposition, pendant les deux premières années du mandat a su se livrer à d’interminables exercices de procrastination qui ont freiné Obama jusqu’à l’immobiliser parfois. La réforme de la santé n’a été en définitive qu’un compromis qui a déçu la gauche américaine. Et voilà que, tout à coup, la Chambre et le Sénat se transforment en temples de la raison et de la rigueur, passent brusquement les lois du président et que Noël devient un jour de consensus et de paix intérieure. Pourquoi ?
Parce que les républicains classiques sont plus épouvantés que les démocrates par la montée du Tea Party, par son intolérance, par son irresponsabilité. Parce que les mouvements populistes ont toujours échoué aux États-Unis par le passé et que les élus craignent les réactions de la majorité silencieuse. Parce que, si l’opposition républicaine n’aime guère Obama, qu’elle doit vaincre pour revenir au pouvoir, elle n’a pas envie de faire le travail pour le compte de quelques illuminés prêts à abolir tous les budgets sociaux sinon tous les impôts et pratiquement donner à l’entreprise le pouvoir politique. Les républicains qui ont voté le traité Start et l’abolition de « don’t ask, don’t tell » n’ont été chassés du Congrès. L’année 2011 sera plus celle d’une vaste explication entre les divers courants du parti républicain que celle d’une curée contre le pouvoir exécutif, qui dispose d’une marge de manœuvre plus grande qu’on ne le dit. Barack Obama est décidé à pactiser avec l’opposition dans certaines limites. Il a été contraint à renouveler son staff et ce que l’on sait de ses nouveaux conseillers, c’est qu’ils l’encourageront à gouverner au centre, là où se font les majorités d’opinion.
LE TRAVAIL LÉGISLATIF DE DÉCEMBRE DERNIER A REVIGORÉ LE PRÉSIDENT
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