LA DROITE américaine est très idéologisée. Elle prétend trouver les sources de sa légitimité dans la Constitution. Battue à plate couture en 2008, elle entendait bien prendre sa revanche. Il s’est produit cette année ce que le mot « backlash » traduit le mieux : une sorte de retour de flamme nourri par l’intolérance pour les origines, le style et les idées de M. Obama et par une crise profonde. La victoire des républicains, dans ce contexte de crise, est moins large qu’il n’y paraît. Les populistes du Tea Party, comme nous l’avons toujours affirmé, ne gêneront la marche de l’État que sur les marges. Au Sénat, les démocrates restent majoritaires, fût-ce d’une voix seulement.
Quelques atouts.
C’est aussi la partie idéologisée de la gauche qui a contribué à la défaite de M. Obama. Le charme, l’espoir et l’enthousiasme de 2008 ont disparu. Indifférents à l’énorme résistance qui a donné naissance au Tea Party, la gauche idéologique, convaincue que le président n’en fait pas assez pour les pauvres et les minorités (ou même pour les Palestiniens), s’est abstenue. Comme s’il était possible de gouverner ailleurs qu’au centre dans une grande démocratie occidentale. Certains comportements populaires dans des pays dépourvus de traditions démocratiques nous hérissent. Mais, en France ou aux États-Unis, nous ne valons pas mieux qu’eux. Ce n’est pas que M. Obama n’ait pas commis d’erreur. L’idée que la puissante Amérique pouvait ne compter que des amis dans un monde où fleurissent tous les dangers a déconcerté ses alliés ; elle est même restée lettre morte ; comme en France, le sauvetage des banques a laissé sur la paille les chômeurs et les millions de foyers qui ont perdu leur logement dans la crise des subprimes ; la relance par l’inondation monétaire a alimenté la haine permanente qu’inspirent aux Américains les dépenses excessives du gouvernement fédéral. La guerre en Irak se termine dans une confusion violente, celle d’Afghanistan est peut-être perdue et le terrorisme demeure très menaçant.
OBAMA EST FORCÉ DE SE BANALISER
M. Obama, toutefois, ne manque pas d’atouts. Il s’apprête à adopter un nouveau plan de relance qui fera hurler les républicains et le Tea Party, mais que l’insuffisance de la croissance et la persistance d’un chômage dont le taux est proche 10 % rendent indispensable. En revanche, le moment venu, il trouvera une oreille attentive au parti républicain, donc au Congrès, pour une politique de réduction des déficits et de la dette. Si le Congrès tente de défaire les réformes qu’il a fait adopter, comme celle de l’assurance-maladie, il peut utiliser son droit de veto. Les républicains n’ont pas vraiment de programme, sinon la diminution des impôts qui, dans le contexte, serait un crime. C’est une chose de promettre la lune aux électeurs, c’en est une autre de gérer les difficultés économiques, sociales et financières du pays.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est que, entretemps, M. Obama s’est banalisé. Il n’est plus le président extraordinaire, différent et même unique que l’Amérique croyait s’être offert. Comme tous les leaders occidentaux, il bute sur la crise, il passe des compromis, il fait, comme ses prédécesseurs démocrates, la politique du possible. Il manœuvre, il louvoie, il temporise, il a perdu de son ascendant et sa confiance en lui-même. Peut-être faut-il admettre que, arrivé jeune à la présidence, il n’avait pas une expérience politique assez profonde ; peut-être s’est-il mépris sur les ressorts de l’Amérique, sur ce qui fait bouger son peuple ; peut-être aussi a-t-il hérité de George W. Bush, l’un des présidents les plus irresponsables de l’histoire des États-Unis, un fardeau de dettes et de guerres beaucoup trop lourd. Le problème, et il se pose pour tous les dirigeants occidentaux, c’est que la politique a perdu toute forme de romantisme depuis que les États-Unis et l’Europe se sont endettées exagérément. M. Obama, qui a combattu les Clinton non sans férocité pendant la campagne de 2008 pour l’investiture démocrate, médite en ce moment sur l’exemple offert par les deux mandats de Bill Clinton (1992-2000) : un président qui a fait des budgets en excédent et qui a laissé le pouvoir à M. Bush. Pour constater que celui-ci dilapidait allègrement les réserves d’un pays qui commençait à se désendetter.
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