Suivant l’avis de la Haute autorité de santé (HAS), la ministre de la Santé Marisol Touraine annonçait le 20 septembre dernier la « fin du remboursement des pilules de 3e génération à compter du 30 septembre 2013 ». Hier, mercredi 2 janvier, elle a décidé d’avancer cette date au 31 mars.
Au delà d’un service médical rendu (SMR) jugé « insuffisant » la Commission de transparence de la HAS a mis en exergue le risque de complications thrombo-veineuses deux fois plus important par rapport aux femmes sous pilules de 2e génération. « Ce risque reste toutefois très faible, de 3 à 4 cas pour 10 000 utilisatrices », soulignait le ministère de la Santé qui avait alors opté pour une « période d’adaptation » d’un peu plus d’une année pour permettre aux femmes utilisatrices de pilules 3e génération de choisir avec leurs médecins « au moment du renouvellement de leur prescription » un autre moyen de contraception, « remboursé si elles le souhaitent ». Près de 2 millions de femmes sont concernées. L’annonce avait suscité de vives réactions par de nombreux médecins.
Les prespcripteurs sensibilisés
De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui alertait depuis 2001 sur le sur risque thromboembolique veineux des contraceptifs oestroprogestatifs de 3ème génération a une nouvelle fois sensibilisé les professionnels en octobre et décembre derniers. Afin de « minimiser » ce risque, l’agence recommande aux médecins prescripteurs de « privilégier » les contraceptifs oraux combinés (COC) de deuxième génération.
Une contraception adaptée
Depuis la plainte déposée le 14 décembre par Marion Larat, une jeune femme handicapée à 65 % depuis un AVC qu’elle impute à sa pilule de troisième génération, le cabinet d’avocat gérant ses intérêts (le même qui était impliqué dans l’affaire Mediator) a savamment orchestré un débat médiatique sur les dangers de cette pilule, au point de pousser Marisol Touraine à revoir sa copie dans l’urgence. Mercredi, la ministre a en effet décidé de « mettre fin au remboursement des pilules contraceptives de 3e génération dès le 31 mars 2013 », réduisant de 6 mois « la période transitoire » pour les femmes utilisant ces médicaments.
La ministre demande par ailleurs à l’ANSM, « que la pilule de 2e génération soit systématiquement privilégiée » en première intention, « sauf situations particulières », comme le prône déjà la Haute Autorité de santé. Marisol Touraine incite la HAS à « élaborer un (nouveau) référentiel de bonnes pratiques à l’intention des professionnels de santé » afin « que la contraception proposée soit la plus adaptée à chaque situation particulière ».
Risque de diabolisation
Tandis que 30 nouvelles plaintes contre les fabricants des pilules de troisième et quatrième générations doivent être prochainement déposées au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) contre les laboratoires fabricants, l’ANSM a entamé mercredi une concertation avec les représentants des prescripteurs – syndicats de généralistes, gynécologues, sages-femmes, planning familial – pour tenter de réduire l’usage de ce contraceptif au plus vite. « Nous attendons une diminution massive de la consommation de ces pilules » a déclaré sur France Inter Dominique Maraninchi, directeur général de l’ANSM qui envisage notamment de limiter la prescription des pilules de 3e génération à certains spécialistes.
Dans un communiqué, MG-France se dit « défavorable aux fausses solutions de type prescription réservée » et rappelle que les médecins généralistes « ont toujours choisi prioritairement les pilules de 2e génération ». Pour le planning familial, les dernières annonces autour des pilules de troisième et quatrième générations ne doivent pas amener à « diaboliser la pilule » et « induire une inquiétude chez les femmes envers les pilules de deuxième génération ». En France, 60 % des femmes sous contraception prennent la pilule.
À lire sur le sujet : les recommandations sur la prescription de pilules contraceptives du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) .
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