Les populations en grande précarité ont été particulièrement touchées par le Covid-19. C'est le constat d'une étude de Médecins sans Frontières (MSF), Épicentre et l’Institut Pasteur, qui s’est penchée sur les bénéficiaires de distribution alimentaire, les résidents de foyers de travailleurs et des centres d’hébergement d’urgence en Île-de-France (Paris, Val d’Oise et Seine-Saint-Denis). Ce travail révèle que plus d’une personne sur deux en situation de grande précarité (426 sur 818) dans la région est séropositive.
Menée entre le 23 juin et le 2 juillet, cette enquête épidémiologique a porté sur 14 lieux d’intervention en région parisienne (sur deux sites de distribution alimentaire, deux foyers de travailleurs et dix centres d’hébergement d’urgence). La séroprévalence variait selon les types de lieux : elle était la plus élevée chez les personnes vivant dans des résidences de travailleurs (88,7 % en moyenne, avec des taux de 82 % et de 94 % sur les deux sites étudiés), suivie par les refuges d’urgence (50,5 % en moyenne, avec des taux de 23 % à 62 %) et les sites de distribution alimentaire (27,8 %, avec des taux de 18 % et 35 %, sur les deux sites étudiés).
Une surcontamination chez ceux hébergés en gymnase
« Les résultats confirment que la circulation du virus a été plus particulièrement active dans les situations où la promiscuité était la plus forte, c’est-à-dire quand la personne doit partager chambre, douches et cuisine avec plusieurs autres personnes », estime Thomas Roederer, épidémiologiste à Épicentre et responsable de l'étude. Parmi les personnes ayant séjourné dans un gymnase, la séroprévalence était ainsi trois fois plus élevée par rapport à celles prises en charge dans un centre d’hébergement.
La population incluse dans l’étude était très majoritairement masculine (80 %), plutôt jeune (49 % de moins de 35 ans) et sans problème de santé majeur (79 %). Des comorbidités ont été rapportées pour un participant sur 5, les plus communes étant l’hypertension (8,3 %) et le diabète (5,6 %). La plupart des séropositifs (68,3 %) étaient asymptomatiques ou paucisymptomatiques.
Une population cible à prioriser en prévention
Ces résultats doivent permettre, estiment les auteurs, d’« orienter les stratégies de prévention et de contrôle et de les adapter aux besoins spécifiques de la population affectée », en particulier pour les personnes à risque de formes sévères du Covid-19. « Compte tenu du niveau élevé de séroprévalence, du vieillissement moyen et d'autres facteurs de risque rencontrés chez les travailleurs en résidence, ces derniers doivent être priorisés en termes de stratégies d'intervention pour prévenir les cas graves », insistent les auteurs.
Par ailleurs, l’hébergement d’urgence proposé doit prendre en compte la nécessité du respect des gestes barrières, rendu impossible notamment dans le cas d’installations sanitaires partagées. « Il ne faut pas que les dispositifs d’urgence qui permettent de mettre à l’abri temporairement des personnes sans hébergement, notamment à l’approche de la période hivernale, contribuent à créer de nouveaux foyers de contamination, alerte Corinne Torre, cheffe de mission en France pour MSF. Les lieux collectifs comme des gymnases sont donc à éviter au maximum. »
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