Les progrès « notables » de la santé mondiale obtenus au début du millénaire ont « nettement stagné depuis 2015 », alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans l’édition 2023 de son rapport annuel. Cette tendance, accentuée par la pandémie de Covid-19, compromet la concrétisation des objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé d'ici à 2030, s’inquiète l’agence de l’ONU, d’autant que les maladies non transmissibles (MNT) et le changement climatique constituent des menaces croissantes.
« La pandémie de Covid-19 est un rappel important que les progrès ne sont ni linéaires ni garantis, a déclaré Samira Asma, directrice générale adjointe chargée des données, de l'analyse et de la mise en œuvre au sein de l'OMS. Pour rester sur la bonne voie vers l'agenda 2030, nous devons agir de manière décisive et collective pour avoir un impact mesurable dans tous les pays. »
Près de 337 millions d'années de vie perdues avec le Covid
Les statistiques sanitaires mondiales, publiées ce 19 mai, chiffrent l’impact du Covid. Les années 2020 et 2021 ont coûté près de 337 millions d'années de vie, une perte « stupéfiante » qui « équivaut à une moyenne de 22 années de vie perdues pour chaque décès excessif ». La pandémie a aussi « contribué aux inégalités d'accès à des soins de santé de qualité, aux vaccinations de routine ».
Surtout, la pandémie a freiné les progrès réalisés jusque-là. De 2000 à 2019, l'espérance de vie avait progressé de 67 à 73 ans grâce au recul de la mortalité maternelle et infantile, à la baisse de l'incidence des maladies infectieuses (comme le VIH, la tuberculose et le paludisme) et à la diminution des décès prématurés dus aux MNT et aux blessures. Mais, depuis le Covid, certains indicateurs basculent. « Les tendances à l'amélioration du paludisme et de la tuberculose ont été inversées et moins de personnes ont été traitées pour des maladies tropicales négligées », cite le rapport, qui s'inquiète également du recul de la vaccination, notamment infantile.
90 % des décès liés aux maladies non transmissibles en 2050
En parallèle, la progression des décès causés par les MNT (maladies cardiovasculaires, cancers, maladies respiratoires chroniques, diabète) se poursuit. Ils représentent désormais près des trois quarts des morts annuels. Au rythme actuel, les MNT seront responsables d’environ 86 % des 90 millions de décès annuels d'ici au milieu du siècle, soit 77 millions de décès (un chiffre en augmentation de près de 90 % depuis 2019).
À cette menace s’ajoute la pollution de l’air aux particules fines, à laquelle la quasi-totalité de la population mondiale (99 %) est exposée. En 2019, 6,7 millions de décès étaient attribuables aux effets de la pollution de l’air intérieur et extérieur. Le changement climatique, dont l’impact est analysé pour la première fois dans le rapport annuel de l’OMS, conduit par ailleurs 3,6 milliards de personnes à vivre dans des contextes très vulnérables.
Face à ces progrès stagnants et ces menaces émergentes, l’OMS appelle à une accélération des efforts pour atteindre la cible des objectifs de développement durable. « Le rapport appelle à une augmentation substantielle des investissements dans la santé et les systèmes de santé pour se remettre sur la bonne voie », insiste Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
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