Entre 7 000 et 10 000 enfants et adolescents seraient victimes de prostitution chaque année en France. Les autorités de santé lancent une première campagne de sensibilisation grand public pour sensibiliser à un phénomène qui, loin d'être marginal, est en augmentation en France et ceci dans tous les milieux sociaux. Un spot vidéo sera ainsi largement diffusé sur les écrans (y compris sur Youtube et les réseaux sociaux) ; il met en scène une adolescente qui pense « gérer » la situation, qui finalement lui échappe.
Selon un rapport du Centre de victimologie pour mineurs (CVM), venu complété un premier travail remis en juillet 2021, les victimes sont en majorité des jeunes Françaises, de 13 à 17 ans, souvent en rupture familiale (sans pour autant être toujours dans des milieux défavorisés). Aucun parcours prostitutionnel ne se ressemble, même si l'on retrouve fréquemment des fugues, des motivations financières, des carences affectives.
Des conséquences somatiques et psychologiques
La campagne, qui s'inscrit dans le cadre d'un plan de lutte contre la prostitution lancé en novembre et financé à hauteur de 14 millions d'euros, est surtout l'occasion de rappeler les signes d'alerte, somatiques et psychologiques, qui doivent faire penser à une activité prostitutionnelle. Il s'agit ainsi des traumatismes physiques (ecchymoses, cicatrices, tatouages, automutilations…), parfois dissimulés, des addictions (drogues, alcool, médicaments), de fugue et d'isolement social, d'une demande de dépistage d’infection sexuellement transmissible, d’une grossesse ou demande d’IVG, d'une hygiène inhabituelle (douches très fréquentes ou absence de toilette quotidienne), ou d'un rapport au corps inadapté (langage cru, évocation de relations sexuelles dégradantes sur un ton différent). Un usage intensif des moyens de communication, des changements de comportement, des difficultés scolaires, ou encore la possession de sommes d’argent inexpliquées, doivent aussi instiller un doute.
Des facteurs de vulnérabilité sont identifiés, comme des expériences de victimisation (antécédents de violences sexuelles, physiques, émotionnelles), un environnement familial dysfonctionnel, des comportements sexuels ou autre à risque, une santé mentale altérée, des difficultés relationnelles.
Signaler au procureur, contacter la Crip
En cas de doute, les autorités invitent à faire un signalement au procureur de la République et à contacter les services du département (Aide sociale à l’enfance [ASE], cellule de recueil des informations préoccupantes [Crip], et/ou associations spécialisées). Les victimes, elles, peuvent appeler le 119 - Enfance en danger - et parler à des écoutants professionnels.
Dans son rapport, le CVM plaide en outre pour la création de modules de formation initiale et continue homogènes sur les violences sexuelles et l’exploitation sexuelle à destination de l’ensemble des professionnels exerçant auprès des mineurs, et la réalisation effective des trois séances d'éducation à la sexualité dans tous les établissements scolaires. Il demande enfin la création d'une instance nationale interministérielle de ressources, d’aide et de soutien à destination des professionnels et des familles confrontés à la prostitution des mineurs.
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