CRÉÉ EN 1976 par des chercheurs de Harvard (États-Unis), le concept d’ « amenable mortality » ou « mortalité évitable grâce au système de soins » a été introduit pour mesurer les performances des systèmes de soins en matière de prévention des décès évitables grâce à une prise en charge sanitaire appropriée. Tombé en désuétude durant le milieu des années 1990, ce concept revient aujourd’hui au goût du jour chez les chercheurs en économie de la santé. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a dès lors souhaité jauger de la pertinence et des perspectives offertes par cet outil de mesure des systèmes de soins en procédant à une évaluation de 31 de ses États membres sur la période 1997-2007. Pour ce faire, l’OCDE a fondé sa méthodologie sur deux études publiées en 2008 (2) et 2009 (3), qui proposent les deux listes les plus récentes de causes de mortalité évitables grâce à l’action du système de soins.
La France en tête.
Ainsi pour l’année 2007, le taux de mortalité qui aurait pu être évité grâce au système de soins varie selon l’OCDE de 60 à 200 décès pour 100 000 habitants au sein des pays étudiés. Les deux listes permettent de classer dans le peloton de tête la France (59/64 décès pour 100 000, selon la liste utilisée), l’Islande (61/72), l’Italie (65/71), le Japon (66/62) et la Suède (68/78). Les États-Unis (103/124) se situent dans la moyenne basse de l’OCDE (95/104). Mexique (137/178), Pologne (138/138), Slovaquie (188/171), Hongrie (197/206) et Estonie (199/190) sont les derniers du classement. Selon la liste utilisée, la baisse du taux de mortalité évitable varie sensiblement entre 1997 et 2007 : de -1,8 % (États-Unis) à -5,5 % (Irlande) pour la liste Nolte & McKee contre une fourchette de -0,4 % (Mexique) à -5,4 % (Irlande) pour la liste Tobias & Yeh.
D’une manière générale, les maladies de l’appareil circulatoire et le cancer constituent les principales causes de mortalité évitable grâce à l’action des systèmes de soins. D’un point de vue méthodologique, l’OCDE émet certaines réserves vis-à-vis de cet indice de mesure, concernant en particulier la non-prise en compte de l’amélioration de la qualité de vie au fil du temps ou le manque de considération des différences de prévalence de maladies selon les pays. L’absence d’une unique échelle de mesure de référence demeure un autre sérieux écueil de cet indice. Un projet européen dénommé AMIEHS (4) devrait toutefois permettre de constituer dès cette année une méthodologie consensuelle pour cet indice de mortalité évitable au demeurant « utile » selon l’OCDE.
(1) Gay, Paris, Devaux & De Looper, «Mortality amenable to health care in 31 OCDE Countries», OCDE, 2011.
(2) Nolte & McKee, « Measuring the Health of Nations », Health Affairs, 2008.
(3) Tobias & Yeh « How much does health care contribute to health gain and to health inequality ? », Australian and New Zealand Journal of public health, 2009.
(4) Avoidable Mortality in the European Union : towards better indicators for the Effectivness of Health Systems.
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