JEAN-PIERRE BATAILLE est maire de Steenvoorde (Nord) depuis 2000, et président d’une communauté de commune qui réunit sept municipalités et 9 000 habitants. Selon le maire, si la mission régionale de santé (MRS, aujourd’hui fondue dans l’ARS) a détecté un risque de désertification médicale dans le canton à l’horizon des prochaines années, « ce n’est pas encore ressenti par la population ». Sans doute parce qu’une maison de santé existe depuis plus de 20 ans sur le territoire communal, qui accueille 5 généralistes, 3 infirmiers et 3 kinés.
Néanmoins, sur les neuf communes du canton, seules trois disposent de médecins. Sans attendre que cette désertification ne fasse sentir ses effets, l’intercommunalité a donc commandé à un bureau spécialisé une étude sur la forme que devrait prendre l’organisation de la santé sur le territoire intercommunal. Cette étude, qui doit être rendue en avril 2011, est financée à 80 % par l’état et le conseil régional, la communauté de communes finançant le reste, soit environ 12 000 euros.
« Je ne sais pas s’il faut créer des maisons de santé ou des réseaux, comme des locaux de vacation médicale dans les villages qui n’ont rien », précise Jean-Pierre Bataille pour qui l’essentiel « est de permettre à chaque habitant du territoire de disposer d’une qualité de soins équivalente, qu’il soit rural ou semi-urbain ». Avec l’idée de faire venir des spécialistes, comme des cardiologues ou des ophtalmos, quelques demi-journées par semaine dans ces locaux. Jean-Pierre Bataille prend le soin d’ajouter qu’il souhaite associer l’hôpital le plus proche, situé à 10 kilomètres mais hors du territoire intercommunal, à la réflexion sur le projet de santé : « Il devra aussi nous servir de guide, estime-t-il, et nous donner sa vision d’un territoire de soins, d’autant que nous voulons inclure dans notre réflexion la prévention et le médico-social. » Les concitoyens aussi sont associés à la réflexion. Tous les habitants du canton ont reçu à cet effet un questionnaire leur demandant de juger la situation sanitaire locale : y a-t-il assez de médecins libéraux, le réseau de médecin de garde est-il cohérent, les places à l’hôpital sont-elles en nombre suffisant ?
« Le but du jeu n’est pas de bâtir une nouvelle cathédrale qui ne rendrait pas de service à nos concitoyens, mais de mettre en place un réseau pertinent et pourquoi pas itinérant », continue Jean-Pierre Bataille, manifestement passionné par le sujet. Il l’assure, il n’a pas d’idée préconçue sur ce qu’il faudrait mettre en place, mais il aimerait bien que l’intercommunalité ne s’investisse pas outre mesure dans le projet : « Si on nous dit qu’il faut créer une structure, nous la construirons avec l’aide de l’État et des collectivités, et nous la louerons pour récupérer l’investissement. Mais il me semble que nous n’avons pas vocation ni compétence pour créer ce genre de structure. Nous devons être ceux qui permettent la mise en œuvre d’un projet de santé, pas les promoteurs. »
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