Une personne toutes les 40 secondes se tue par autolyse. Pour la première fois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) commet un rapport sur le suicide, qui s’appuie sur 10 ans de données à l’échelle internationale, afin d’accroître la prise de conscience autour de cet « enjeu de santé publique » et d’atteindre l’objectif de réduction de 10 % du taux de suicide d’ici à 2020, fixé lors de la 66e Assemblée mondiale de la santé en 2013.
« Chaque année, plus de 800 000 personnes décèdent en mettant fin à leurs jours et il y a pour chaque décès de nombreuses tentatives de suicide. Or le suicide ne figure que très rarement au rang des priorités en matière de santé publique », déplore la directrice de l’OMS, le Dr Margaret Chan.
804 000 suicides en 2012, les 3/4 dans les pays défavorisés
Dans le monde, 804 000 suicides ont eu lieu en 2012, soit un taux de suicide global de 11,4 pour 100 000 habitants (15 chez les hommes, 8 chez les femmes). Mais ce chiffre est probablement en deçà de la réalité, en raison de la stigmatisation, voire de l’illégalité, dans lesquelles l’acte est relégué.
Les hommes sont plus nombreux à se suicider que les femmes, à raison de 3 fois plus dans les pays riches, et 1,5 fois plus, dans les pays à faible ou moyen revenu.
Partout dans le monde, les taux de suicide sont les plus élevés chez les plus de 70 ans ; il est la deuxième cause de mortalité (8,5 % des décès) chez les jeunes de 15 à 29 ans. Les tentatives de suicide pourraient être 20 fois plus nombreuses que les suicides aboutis.
Les pays à revenu faible et intermédiaire concentrent les 3/4 des suicides, même si le pourcentage de tous les décès imputables au suicide est plus élevé dans les pays à fort revenu (1,7 %) qu’ailleurs (1,4 %). La prévalence est particulièrement élevée (supérieure à 15 pour 100 000) en Inde, Russie, Tanzanie, Mozambique, Congo, et élevé (entre 10 et 15) aux États-Unis, Amérique du Sud, Australie, France, Suède ou encore Finlande.
Les méthodes utilisées sont peu renseignées, notamment dans les pays à faible et intermédiaire revenu, mais l’ingestion de pesticides y est vraisemblablement la plus courante. Dans les pays à revenu élevé, le recours à la pendaison intervient dans un cas sur deux, suivi par les armes à feu (18 %, voire 46 % aux États-Unis).
Une tragédie évitable
Vingt-huit pays possèdent une stratégie nationale de prévention du suicide. L’OMS insiste sur la pertinence d’une action multisectorielle, qui interviendrait sur 3 types de facteurs : ceux liés au système de santé et à la société (limitation de l’accès aux moyens de suicide, précaution autour du traitement médiatique du suicide, accès aux soins...), ceux liés à la communauté (guerre, catastrophes naturelles, maltraitance, violence), et les facteurs individuels (antécédents de tentative, troubles mentaux, addictions...).
L’OMS encourage les États à impliquer les secteurs de l’éducation, de l’emploi, de la protection sociale, ou encore de la justice, et à adapter chaque stratégie au contexte culturel, dont la connaissance doit être approfondie. Et appelle les gouvernements, en priorité les ministres de la santé, à l’action, quel que soit l’aboutissement des politiques en cours.
« L’absence d’une stratégie nationale globale aboutie dans certains pays ne doit pas les empêcher de mettre en œuvre des programmes ciblés de prévention du suicide susceptibles de contribuer à une action nationale », lit-on.
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