En France, vivent plus de 100 000 personnes qui ont subi des tortures et des violences politiques, et qui ont dû fuir leur pays d’origine. Le livre blanc publié aujourd’hui par le Centre Primo Levi, et disponible en téléchargement (format PDF) tente de faire la lumière sur leur situation et sur leurs besoins en matière de soin, mais aussi d’accompagnement social et juridique.
« Nous publions ce livre blanc pour sortir de l’ombre ces populations que leurs tortionnaires ont voulu détruire », explique Éléonore Morel, la directrice générale du centre, créé en 1995, pour aider les personnes exilées qui ont survécu à la torture et aux violences infligées dans un contexte de persécution politique. La France ne dispose à ce jour, d’aucune étude quantitative ou épidémiologique sur le sujet.
« Le psychotraumatisme issu de la torture est une spécificité. Ce qui fait cette spécificité fait également la difficulté de sa prise en charge. Tous les médecins ne peuvent pas y faire face », souligne Michel Brugière, le président du centre. La prise en charge dans les centres est longue, « en moyenne deux ans et demi », poursuit Éléonore Morel. Elle n’est pas seulement médicale, car les réfugiés ont souvent besoin d’un accompagnement social ou juridique. Leur état de santé est souvent aggravé par leurs conditions de vie en France, et la difficulté d’accès aux soins. « Le système de santé de droit commun n’est pas adapté à leurs souffrances, note Éléonore Morel. Ils vont avoir besoin d’une prise en charge exceptionnelle, car ils ont subi des violences inouïes. »
Améliorer les conditions d’accueil
Dans l’hexagone, seul cinq centres sont spécialisés dans l’accueil de ces personnes, et ils sont complètement saturés. Ils ne parviennent à prendre en charge que 6 000 des 100 000 personnes qui auraient besoin d’aide.
Le livre blanc demande un élargissement des politiques publiques en direction des migrants, ainsi que la mise en place de programmes de recherche. Les victimes ont besoin d’un accompagnement spécifique, et la méconnaissance des effets de la torture peut entraîner des retards de diagnostic et des traitements inadaptés. Le Centre Primo Levi souhaite également que les centres spécialisés, qui apportent leur aide à ces exilés, soient soutenus. Il préconise également l’adaptation et le renforcement des structures de droit commun, qui ne sont pas adaptées. Enfin, alors que les conditions d’accueil des réfugiés se durcissent en France, le livre blanc demande que des conditions adéquates au soin soient créées, et ce en garantissant l’accès au logement, à l’assurance-maladie et aux minimums sociaux.
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