› DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA LOI D’ORIENTATION et de programmation pour la justice de 2002 avait prévu que l’hospitalisation, avec ou sans consentement, d’une personne détenue atteinte de troubles mentaux soit réalisée dans un établissement de santé spécialement aménagée (UHSA). Ainsi la construction de 17 unités spécialisées (soit 705 lits) sur tout le territoire, avait été décidée.
L’unité de Toulouse est la seconde, créée au sein du Centre Hospitalier Gérard Marchant. « Cette UHSA est en quelque sorte la petite sœur de celle du Vinatier, et elle annonce de nombreuses autres structures. En effet, nous inaugurerons très prochainement des UHSA à Nancy, Orléans, Villejuif, Rennes et Bordeaux », a indiqué la secrétaire d’Etat à la Santé lors de l’inauguration.
L’unité toulousaine a vocation à accueillir des patients adressés par les différents dispositifs de soins psychiatriques des établissements pénitentiaires de l’inter région Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon. Deux unités de 20 lits ont été prévues dans un bâtiment circulaire, scindé par un mur de béton de 3,5 m de hauteur. « Ici, pas de grille aux fenêtres mais une façade ajourée en béton, et depuis le jardin thérapeutique, on distingue la cime de quelques arbres. Afin que l’évasion puisse se faire par le regard », a décrit l’architecte Vincent Espagno, de l’agence Espagno et Milani qui a conçu ce bâtiment dont le coût de réalisation s’est élevé à 13,1 millions d’euros.
4 500 places.
À l’intérieur, l’administration pénitentiaire cohabite avec les soignants, mais une fois les sas de sécurité dépassés, c’est le monde hospitalier qui reprend ses droits. Nicolas Job, psychiatre prend en charge cette unité. « Ce public n’induira pas forcément une prise en charge particulière, en réalité, nous offrirons ici des soins de psychiatrie générale et travaillerons avec les UMD sur les questions de dangerosité. En revanche, nous devrons être très vigilants concernant toutes les questions de déontologie ayant trait au secret médical, aux droits des patients, etc.… », explique-t-il.
Le principe de l’UHSA permet donc bien d’hospitaliser à temps complet des patients détenus, pendant une durée ponctuelle. « Nous monterons en puissance progressivement, ainsi les premiers patients arriveront le 17 janvier, puis nous accueillerons 1 ou 2 patients par jour. Selon les premiers retours d’expériences que nous avons du centre du Vinatier, les patients restent deux mois en moyenne », indique Gérard Laurencin, le chef de service du service médico psychologique régional qui assure les soins psychiatriques de l’ensemble de la population pénale de la région.
Cette UHSA couvre les 4 500 places de détention de Midi-Pyrénées et du Languedoc Roussillon et pour un fonctionnement garantissant toute la sécurité, elle bénéficie de 90 postes équivalents temps plein dont 3,8 postes de médecins.
Un chiffre confortable, mais qui n’apaise pas la grogne des syndicats CGT de l’hôpital Gérard Marchant. Ces derniers demandent « que les moyens alloués à la psy générale publique soient du niveau de ceux alloués à cette structure ». Interpellée sur le sujet, Nora Berra, a regretté « qu’ils ne regardent jamais les belles choses qui sont accomplies. L’UHSA en est une et nous n’oublions pas l’hôpital public ! », a-t-elle assuré.
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