IL Y A EU plusieurs flambées des prix depuis dix ans. La première s’est produite au moment du lancement de l’euro, dont les commerçants ont tiré le plus grand avantage en arrondissant les prix au quart supérieur et en faisant croire aux gens que les centimes d’euros n’avaient pas plus de valeur que les centimes de francs. La deuxième a été provoquée à partir de 2007 par les besoins des pays émergents en matières premières et en denrées alimentaires de base et il a fallu la crise économique et financière mondiale en 2008 pour calmer les prix. La troisième est actuelle ; elle est déclenchée, comme la précédente, par la croissance de la Chine, de l’Inde et du Brésil dont les besoins raréfient l’offre d’énergie ou de denrées alimentaires.
Boule de neige.
Chaque fois que la hausse des prix a été anormale ou excessive, le gouvernement a joué la concertation, surtout avec les circuits de distribution. Les commerçants ont fait des promesses, des journaux ont surveillé les prix, rien n’y a fait. Aujourd’hui, on s’en tient aux mêmes techniques. On demande aux circuits de distribution de rogner sur leurs marges, on prétend renoncer à la hausse des prix du gaz et de l’électricité, ce qui ne se traduit guère dans les factures envoyées aux particuliers, on taxe de 100 millions d’euros les pétroliers qui crient déjà à la faillite, on propose dans tous les supermarchés un « panier des essentiels » dont on devine sans effort ce qu’il sera : un mélange de mauvaise qualité et de stigmatisation sociale. Les produits du panier des essentiels ne seront achetés que par les gens qui sont au bout du rouleau. C’est encore une aggravation des inégalités, alors que la réforme des circuits de distribution (ils fonctionnent comme une sorte de boule de neige qui grossit en roulant du producteur au consommateur), n’a jamais été évoquée, suggérée et encore moins mise en place.
LES CONSOMMATEURS DOIVENT S’ORGANISER CONTRE LA HAUSSE DES PRIX
La hausse des prix devient un très fort facteur de mécontentement qui jouera contre le pouvoir politique lors des élections. Le gouvernement commence à en prendre conscience, qui va s’éloigner assez vite de ses obsessions, comme l’immigration ou le statut des religions dans une société laïque pour s’adresser directement à ce qui alimente la colère des électeurs. La régulation du marché est extrêmement difficile au sein d’un système d’économie libérale et il est impossible d’édicter des règles qui vont à rebours de son fonctionnement naturel, sauf à changer de système. Il demeure que les abus sont nombreux, les comportements des agents économiques souvent scandaleux, les consommateurs, moins bien organisés en France que dans d’autres pays, à la fois floués et soumis sans appel à des augmentations arbitraires. La seule solution serait la révolte des consommateurs, avec une grève des achats, une baisse de la consommation assez significative pour augmenter la concurrence et engendrer une diminution des prix. C’est hélas dans ce domaine que les inégalités jouent contre la solidarité des acheteurs. Trop de gens, en définitive, sont près à payer le prix pour conserver leur niveau de vie, sans se soucier de ceux, les plus nombreux qui, déjà assommés par des les dépenses dites contraintes, n’ont plus les moyens de se nourrir comme il faut ou d’utiliser leur véhicule.
Faut-il, dans ces conditions, établir un contrôle des prix ? Les précédents ne sont pas concluants mais si l’on s’en tient aux mesurettes comme le fameux panier des essentiels, les commerçants augmenteront les prix sans en subir la moindre conséquence. Depuis la fin de la guerre, il y a eu en France des tentatives limitées dans le temps de contrôle des prix, et aux États-Unis, le très conservateur Richard Nixon a recouru à ces contrôles. On peut toujours commencer par en brandir la menace qui, si elle reste sans effet psychologique, devrait être suivie d’une sévère application. Les circuits de distribution ne manqueraient pas alors, de procéder à des représailles cachées, en raréfiant la mise sur le marché d’un certain nombre de produits, ce qui peut produire des pénuries. À la guerre comme à la guerre. Les consommateurs, riches ou pauvres, seront tous soumis au même problème, mais la réduction du volume d’affaires deviendrait vite intolérable pour les circuits de distribution. Ce ne serait qu’un mauvais moment à passer, alors que la hausse des prix, elle, est constante et que, en s’ajoutant au gel des salaires ou des revenus, contribue à appauvrir ceux qui, déjà, ne parviennent pas à joindre les deux bouts.
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